Jamais une élection présidentielle américaine n'aura subjugué l'opinion aussi bien à l'intérieur des Etats-Unis qu'à l'étranger que celle du 2 novembre dernier qui a vu la réélection de George W. Bush. C'est dire combien le duel entre le président sortant américain et son rival John F. Kerry a divisé l'Amérique et le reste du monde en deux camps, sur fond de guerre en Irak, de guerre préventive et de « mise au pas » de la planète symbolisée par le rejet par l'Administration Bush du protocole de Kyoto sur l'environnement... Et pourtant, contrairement aux élections précédentes qui se sont déroulées à un moment où l'Amérique était fortement impliquée dans un conflit majeur (guerres de Corée ou du Vietnam), les partisans de la paix aussi bien sur le territoire américain que dans les pays alliés des USA dans l'occupation de l'Irak ne se sont autant mobilisés que cette fois-ci surtout durant les manifestations du printemps dernier en Grande-Bretagne, en Espagne et en Italie. Les pacifistes des pays occidentaux non engagés aux côtés des USA n'ont pas été en reste que ce soit en France ou en Allemagne. Tandis qu'aux Etats-Unis, artistes, intellectuels et personnalités des médias ont pris position massivement contre la réélection de Bush, avant même que les deux candidats n'entrent en campagne après avoir été adoubés par les conventions des partis républicain et démocrate, jusqu'à la pop star Bruce Springsteen qui n'a pas hésité à prendre sa guitare pour une tournée à travers les différents Etats afin de convaincre les jeunes de ne pas voter pour le président sortant mais plutôt pour John Kerry, se faisant ainsi l'écho du cinéaste Michael Moore, primé au dernier Festival de Cannes et qui avait appelé à partir de la Croisette, à faire barrage à Bush... Pendant ce temps, la guerre en Irak se poursuivait avec son lot quotidien de victimes civiles à Fallujah, le scandale d'Abou Ghreib et le millier de G'Is tués hors des USA sur le territoire irakien. Et jusqu'aux derniers jours qui ont précédé le 2 novembre 2004, bien malin était celui qui pouvait dire qui de Bush ou de Kerry allait l'emporter au décompte final. Les sondages les donnaient au « coude à coude » et laissaient supposer que tout pouvait se jouer dans ces Etats incertains, les fameux Swings States. Ni l'alignement de grands quotidiens américains comme le New York Times ou le Washington Post ou la prise de position de stars et d'écrivains, comme Woody Allen ou Salman Roshdie, n'ont empêché la réélection de celui qui est en passe de devenir le président américain parmi les plus contestés avec Richard Nixon. D'ailleurs, le jour de son investiture le 20 janvier prochain est, d'ores et déjà, décrété par l'opposition pacifiste et antiguerre comme journée de protestation à travers l'ensemble du territoire américain, des appels sont lancés sur Internet et à travers la presse dans ce sens.