Le cadre urbain s'est nettement dégradé dans la ville de Annaba, à telle enseigne que cette cité, jadis qualifiée de coquette, ressemble aujourd'hui à un grand bourg mal géré, nécessitant une opération de sauvetage pour lui restituer sa vraie dimension à la mesure de son histoire et de sa triple vocation industrielle, culturelle et touristique. La cité de Abou Merouane Echarrif a beaucoup perdu de son charme à cause d'une urbanisation effrénée et souvent irréfléchie, à laquelle vient s'ajouter l'absence d'une stratégie d'aménagement et d'entretien du bâti. Il faut souligner dans ce cadre que Annaba est à la traîne en matière de restructuration du tissu urbain par rapport aux grandes villes du pays, à l'exemple de Sétif et de Constantine, pour ne citer que celles-ci. Aucun de ses quartiers, qu'ils soient anciens ou nouveaux, n'échappe à ce constat à la fois amer et désolant pour une ville qui est en train de perdre de sa fonction de métropole de l'est du pays. Les poches vides à l'intérieur de son ancien tissu urbain sont devenues des lieux de prédilection pour les « prédateurs » et des réceptacles d'eaux usées, s'écoulant à longueur d'année sans déranger ni les habitants, premiers concernés par l'hygiène du milieu, ni les pouvoirs publics, et encore moins les élus. Les nouvelles cités, créées dans le prolongement de l'ancien tissu urbain, offrent, elles aussi, une image aussi lugubre que repoussante. Le montant de 1,8 milliard de dinars, retenu au titre du quinquennal 2005-2009, va-t-il permettre à Annaba de soigner et de promouvoir son cadre urbain ? Les opérations d'amélioration urbaine, qui ont été lancées, sont insuffisantes pour corriger les dysfonctionnements dans les cités. Cette enveloppe demeure dérisoire compte tenu de l'ampleur de la dégradation du cadre de vie. Le bitumage des routes, la réfection des trottoirs et l'entretien des espaces verts et des places publiques nécessitent d'importants moyens qu'il faudra trouver en ces temps de disette pour les uns et d'embellie financière pour les autres. Par ailleurs, 7 milliards de dinars, au titre du même quinquennal, ont été répartis entre les autres communes de la wilaya en vue de leur permettre d'engager des opérations d'amélioration urbaine englobant les routes, les espaces verts et l'aménagement des cités. Tous ces efforts resteront sans impact s'ils ne sont pas accompagnés d'un sursaut de civisme de la part des citoyens, ainsi que d'un suivi des pouvoirs publics et autres élus dans le but d'asseoir une stratégie de protection des cités réhabilitées d'éventuelles dégradation, lesquelles seraient synonymes d'autres dépenses sur le compte du Trésor public. Nombreux sont les habitants qui estiment qu'un cadre de vie attrayant et agréable peut être un facteur, parmi d'autres, de développement du tourisme, d'autant plus que la ville a été choisie comme pôle d'excellence au niveau de l'Est. Est-elle en mesure d'assumer réellement cette mission ? Cela, évidemment, dépendra du génie des décideurs et autres acteurs influents dans la vie locale.