La crise financière mondiale s'exacerbe. Les plans de sauvetage déployés par les grandes puissances occidentales s'avèrent peu efficaces. Ni le plan Paulson de soutien au système bancaire américain dont le montant avoisine les 700 milliards de dollars ni même le programme européen doté de 1400 milliards d'euros – destinés à aider les banques à se refinancer – ne semblent pouvoir arrêter la marche vers l'effondrement de l'économie internationale. L'espoir de voir le secteur financier mondial se relever, après notamment l'intervention des banques centrales américaine et européennes et leurs décisions d'entrer dans le capital de plusieurs grandes institutions bancaires en difficulté, se volatilise dans l'incapacité des marchés internationaux à vaincre la peur et la spéculation. Malgré ces thérapies de choc décidées pour sauver les banques, les places boursières plongent à nouveau dans l'incertitude après un léger rebond enregistré lundi et mardi. La principale place financière du monde, Wall Street, a en effet reculé sur fond d'inquiétudes persistantes concernant la crise du crédit. Les Bourses européennes ont également ouvert à la baisse hier matin, après deux séances de rebond. Le CAC 40 de la Bourse de Paris cédait 1,48%, le Footsie-100 londonien perdait 1,62% et l'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort reculait de 1,44%. Amsterdam perdait 1,82%, Bruxelles 2,29%, Madrid 1,23%, Milan 1,67% et la Bourse suisse 1,03%. A la Bourse de Moscou, le RTS perdait 3,16%. La Bourse de Sydney a perdu hier 1,4% au cours des premiers échanges. La Bourse de Tokyo a évolué toute la journée d'hier dans le rouge, clôturant en hausse de 1,06%. Cette même Bourse avait enregistré une hausse record de 4,15% mardi. A la mi-séance, Hong Kong perdait 2,9%, Shanghai 1,9%, Bombay cédait 3,5%. A la clôture, Manille a terminé en baisse de 1,55% et la Bourse de Nouvelle-Zélande a lâché 1,53%. Les monarchies du Golfe non épargnées Les Bourses des monarchies pétrolières du Golfe ont également ouvert hier en baisse, Dubaï perdant plus de 5%, après deux jours de hausse importante. Cette tendance baissière a mis fin à l'euphorie qui régnait en Europe et en Asie depuis deux jours. La poursuite de la dégringolade du marché boursier est due essentiellement au risque de récession qui guette en premier lieu l'économie américaine, en souffrance avec un déficit budgétaire en forte hausse de 445 milliards de dollars cette année. La présidente de la Réserve fédérale de San Francisco, Janet Yellen, a déclaré mardi soir que les Etats-Unis sont déjà entrés en récession et les prix ont été stabilisés grâce à la chute des prix des matières premières. Selon elle, « les données économiques récentes suggèrent que l'économie a été plus faible qu'on ne s'y attendait au troisième trimestre, révélant probablement aucune croissance du tout. La croissance du quatrième trimestre semble encore plus faible avec une contraction de l'activité très probable ». Aussi, le spectre de la récession pèse lourdement sur l'économie européenne. Les grands instituts allemands de conjoncture estiment que la première économie européenne est « au bord de la récession », prévoyant « au mieux » une croissance de 0,2% pour 2009. La Banque de France a revu à la baisse sa prévision de croissance pour le troisième trimestre en France, estimant que le PIB devrait baisser de 0,1% au lieu d'augmenter de 0,1%. La chancelière allemande Angela Merkel a reconnu que l'économie de son pays est « en récession ». Décidés à agir groupés face à cette crise, les dirigeants européens se réunissent depuis hier à Bruxelles pour un sommet de deux jours au cours duquel ils vont tenter d'entériner, à 27 pays, le plan d'aide massif aux banques. Ces mêmes dirigeants vont essayer de mettre en place une instance de supervision du marché financier mondial. Un projet dans ce sens devrait être adopté aujourd'hui par les 27 pays membres de l'UE. L'ampleur de la crise et sa persistance, malgré les efforts des Etats du monde pour la juguler, poussent certains experts à parler « du début de la fin du capitalisme ». C'est le cas aussi du Premier ministre australien Kevin Rudd, qui estime que cette crise démontre on ne peut plus clairement « l'échec complet du capitalisme extrême ». M. Rudd ne perd cependant pas espoir et affiche sa pleine volonté de pousser, lors d'une réunion du G 20 en novembre, vers l'adoption de règles de gestion plus strictes des institutions financières.