L'Algérie est moins exposée à la crise financière internationale qui secoue aujourd'hui le monde que certains pays. » c'est là l'avis des experts et spécialistes ayant intervenu ce jeudi au forum consacré à la question initiée par la direction du FLN. A l'ouverture de cette rencontre organisée au siège national de ce parti, le secrétaire général de cette formation, Abdelaziz Belkhadem, a soutenu qu'aucune personne, quel que soit son statut, ne peut affirmer de manière catégorique que l'Algérie est à l'abri de la crise. L'ex-chef du gouvernement plaide pour l'ouverture d'un débat général sur la question et exige, pour plus de précautions, des mesures préventives contre les risques de la crise financière mondiale. « L'Algérie ne vit pas sur une île, isolée du reste du monde. Cette crise financière aura des conséquences sur notre économie, via la réduction des recettes pétrolières. Donc, il faut y faire face en prenant les mesures appropriées », a insisté M. Belkhadem. Toutefois, en évoquant les retombées de cette crise sur notre pays, l'orateur adopte un ton rassurant et explique que l'Algérie, contrairement aux pays développés, est moins exposée à cette crise car elle n'est pas liée directement aux marchés financiers, ce qui la place, selon lui, dans une situation encourageante et plus confortable et ce, grâce notamment au remboursement par l'Algérie de sa dette extérieure et de sa gestion des épargnes de la nation. Fouad Hakiki, spécialiste en finances à l'université d'Alger, et Abderrahmane Benkhalfa, délégué de la société des banques et entreprises financières, ont longuement parlé de la crise bancaire actuelle et de ce qui la distingue des crises qui l'ont précédées, ainsi que de ses retombées immédiates et futures sur l'économie mondiale de manière générale et l'économie algérienne, en particulier. M. Hakiki a rappelé que cette crise est plus étendue et qu'il faut s'intéresser essentiellement à son impact sur le pouvoir d'achat des Algériens. M. Hakiki a indiqué que cette crise impose maintenant de s'interroger sur le rôle de l'Etat dans le monde capitaliste. « L'Etat intervient aujourd'hui directement pour sauver les banques privées, c'est un paradoxe », a souligné M. Hakiki qui a tenu à préciser que l'Etat est intervenu en injectant des sommes faramineuses dans les capitaux des banques privées, à l'instar de ce qui s'est passé aux Etats-Unis et dans de nombreux pays de l'UE. L'Etat, a-t-il ajouté, a même nationalisé des banques, comme c'est le cas en Irlande qui a franchi ce pas pour garantir les épargnes de ses citoyens. De son côté, M. Abderrahmane Benkhalfa a axé son intervention sur les particularités de la crise bancaire actuelle et ce qui la distingue des crises qui l'ont précédées, notamment la crise économique mondiale de 1929. L'intervenant a souligné que la crise actuelle est « une crise globale et d'envergure » par sa propagation, contrairement aux précédentes, et touche les pays les plus riches et les plus développés, précisant que les pays les plus industrialisés dans le monde (G8) sont les plus exposés. Ce qui distingue cette crise, a-t-il dit, ce sont les mesures susceptibles d'en sortir ou d'y faire face collectivement. L'autre différence, a-t-il ajouté, est son caractère international en tant que résultat inévitable de l'énorme développement technologique en informatique et moyens de communication, sachant que la crise de 1929 a duré 32 mois et s'est transmise des Etats-Unis à l'Europe et ensuite au monde entier. « La crise financière internationale, a-t-il poursuivi, nous impose de classer les pays en deux catégories, les pays les plus exposés et ceux les moins exposés. » Toutefois, M. Benkhalfa a fait savoir qu'aucun pays n'est à l'abri de ses effets. Il s'agit, selon M. Benkhalfa, beaucoup plus d'une crise de confiance que d'une crise financière. L'Algérie, a-t-il affirmé, peut tirer profit des retombées de cette crise financière en attirant les investisseurs qui ne veulent plus investir dans les banques et qui comptent s'orienter vers l'investissement véritable garanti dans les régions qui offrent un climat encourageant et serein. La plupart des intervenants adhèrent pleinement à l'idée que cette crise est une crise de confiance. Aussi se sont-ils interrogés sur la position des investisseurs étrangers qui ont émis le vœu d'investir en Algérie. « Vont-ils revoir leur position ? Comment vont-ils financer leurs projets ? », s'est interrogé le vice-gouverneur de la Banque d'Algérie qui estime que les Etats jouent actuellement le rôle de pompier. Evoquant l'impact de la crise sur le pétrole, le vice-gouverneur estime que « nos recettes vont certes diminuer, mais le fonds de régulation des recettes va nous aider à faire face à ces moments difficiles jusqu'à éclaircissement de la situation ». De son côté, Abdelkrim Harchaoui, député RND et ancien ministre des Finances, parle d'une situation obscure et complexe. « Comment un pays comme les USA, ayant un système informatique des plus performants, n'a pas détecté l'arrivée d'une telle crise et n'a pas pris ses précautions ? Pourquoi y a-t-il eu dysfonctionnement, alors que la croissance est un facteur déterminant dans l'économie d'un pays ? Pourquoi a-t-on laissé faire ? », s'est interrogé l'ex-ministre, qui qualifie ce qui se passe actuellement de panique générale qui va entraîner la chute des bourses.