La porte-parole du Parti des travailleurs a appelé hier les pouvoirs publics à rapatrier les fonds et dépôts détenus par l'Algérie dans les banques et institutions financières étrangères. Une mesure prudentielle qu'impose, selon Mme Hanoune, le contexte de crise financière mondiale. Le gouvernement se doit, d'après Mme Hanoune, de « rapatrier une partie ou la totalité » des réserves entreposées aux Etats-Unis et en Europe, car celles-ci ne sont plus désormais « à l'abri ». « A ce que je sache, a-t-elle dit, le ministre des finances n'a aucune garantie de l'Administration Bush que les 43 milliards de dollars placés par l'Algérie en bons de Trésor américains ne seront pas utilisés pour financer le Plan Paulsen. » La porte-parole du parti s'insurge à ce propos contre le black-out que maintient le gouvernement sur le montant exact des réserves placées à l'étranger et l'exhorte à plus de transparence en la matière. « Le gouvernement ne donne pas de chiffres. On ignore combien, ni où ces réserves de changes sont entreposées, et si elles ne serviront pas à sauver de la faillite les banques étrangères, etc. » Louisa Hanoune s'est dit atterrée par les discours faussement « rassurants » des représentants du gouvernement. « Trêve de plaisanterie », répond-elle à ces derniers. « L'Algérie n'est pas prémunie contre les impacts de la crise ! » Des répercussions ? Il y en a déjà et il y en aura certainement à l'avenir, souligne-t-elle. L'économie algérienne, entièrement dépendante des cours fluctuants du pétrole, ne manquera pas de subir les affres de la crise mondiale. Celle-ci aura des impacts aussi bien sur nos importations, notamment alimentaires, sur nos réserves de changes à l'étranger, sur l'avenir du Plan de relance, sur l'emploi. Nombre de sociétés étrangères présentes en Algérie, a-t-elle déclaré, se trouvent être déjà touchées et peuvent recourir à des licenciements massifs. La SG du PT cite Mittal Steel, Suez, des banques étrangères… menacées par le « gigantesque sinistre » financier. Une situation de risque majeur qui, aux dires de Mme Hanoune, doit inciter davantage le gouvernement à prendre des « décisions hardies », protectrices de l'économie nationale, du pouvoir d'achat, etc. et à réviser les politiques économiques dans le sens qui sauvegarde les intérêts nationaux. Politique de l'autruche Louisa Hanoune interpelle, à ce titre, le gouvernement à mettre un terme à la « politique de l'autruche » et au « bicéphalisme économique », conformément aux recommandations du chef de l'Etat. La poursuite du processus de privatisations en dépit des directives du président de la république (discours du 27 juillet dernier) participe, d'après elle, de ce « bicéphalisme économique », porteur de périls certains pour l'économie algérienne. Mme Hanoune tombera à bras raccourcis sur ceux qu'elle qualifie de « super wazirs » (super ministres) qui s'opposent ou font dans la résistance aux nouvelles recommandations du chef de l'Etat. Dans le collimateur de Mme Hanoune, Abdelhamid Temmar, ministre de l'industrie et de la promotion des investissements, est de nouveau épinglé pour sa politique économique qui, contre toute « logique économique, continue à faire la part belle aux privatisations et fermetures d'entreprises » et à entretenir le mythe des « IDE (qui) ne représentent pas plus de 1,8 milliard de dollars, alors que l'Etat a investi plus de 200 milliards de dollars et que les entreprises étrangères ont transféré ces 6 dernières années plus de 22 milliards de dollars ». Il est plus que nécessaire et salutaire, selon elle, de « rectifier » la politique économique pour aller vers une « renationalisation » des entreprises et vers le « sauvetage des entreprises publiques » déficitaires. Le plan de soutien aux 220 entreprises publiques retirées de la liste des entreprises privatisables « ne doit pas coûter plus de 5,2 milliards de dollars ». Lors de sa conférence de presse, la porte-parole du PT en a appelé également au président de la république pour renoncer à la nouvelle loi domaniale qui consacre la démonopolisation de la gestion du domaine public et à revenir à la loi n°90-30 du 1er décembre 1990. Toujours dans le chapitre des décisions « hardies » et énergiques, Mme Hanoune préconisera le gel de l'accord d'association avec l'Union européenne qui cause « une perte sèche annuelle de 144 milliards » du fait du processus de démantèlement tarifaire. A la question de savoir si les dispositions de la loi de finances 2009, (projet actuellement en débat à l'APN), apportaient des réponses efficaces à la nouvelle donne économique nationale, la porte-parole du PT considère qu'elles demeurent « en deçà des espoirs et défis nationaux ». Elle fait appel à tous les parlementaires pour soutenir les 65 amendements proposés par sa formation, notamment ceux se rapportant à la revalorisation du pouvoir d'achat des algériens. C'est là, d'après Mme Hanoune, un moyen pour les députés de rétablir la confiance des électeurs, de se racheter auprès d'eux après avoir voté une augmentation de leur salaire, 25 fois supérieure au Smig.