Une enquête a été dépêchée par les services de police à la clinique El Anouar, à la suite de plaintes déposées contre le directeur et certains médecins de cette structure. U n chirurgien et un anesthésiste, exerçant à la clinique d'ophtalmologie El Anouar de Constantine, ont été placés sous mandant de dépôt à la fin de la semaine dernière par le procureur de la République près le tribunal de Constantine, au motif de négligence médicale ayant causé la mort d'un nourrisson, le handicap à vie à deux femmes et la falsification de documents. Le directeur de la clinique a, quant à lui, été placé sous contrôle judiciaire dans le cadre de cette même affaire, alors que 5 infirmiers bénéficieront de la liberté provisoire. Il y a lieu de rappeler que les services de police ont ouvert une enquête, au mois de juillet dernier, à la clinique d'ophtalmologie, à la suite de plaintes déposées contre le directeur et certains médecins de cette structure sanitaire privée, les accusant de leur avoir « causé un handicap à vie allant jusqu'à la perte de la vue, suite à de simples opérations chirurgicales sur des cataractes ». En fait, le 29 juin dernier, le nourrisson, Mohamed-Takieddine Askouri, âgé de 7 mois, décède dans des conditions peu claires. Cette mort suspecte a été la goutte qui a fait déborder le vase, poussant les autres victimes à sortir de leur silence. En effet, le bébé, souffrant d'une cataracte congénitale à l'œil gauche, a été opéré le 25 juin 2008 dans cette même clinique, sous anesthésie générale. Sur insistance du père, il sera transféré au service de réanimation du CHU Ben Badis de Constantine à la suite de complications survenues inopinément. Selon le compte rendu de ce même service, dont une copie est en notre possession, Mohamed-Takieddine a fait deux arrêts cardiaques pendant l'intervention et un troisième, post-opératoire (après l'intervention). A son arrivée à l'hôpital, lit-on dans le document, il convulsait et était en détresse respiratoire. Par ailleurs, Zouleïkha Chelghoum, 72 ans, qui souffrait d'une cataracte bilatérale, a perdu son œil droit, à la suite de l'intervention effectuée à El Anouar, au cours du même mois. On m' a « ôté l'œil sans me demander mon avis ni celui de ma famille », avait déjà affirmé avec peine la victime, ajoutant : « Vu l'état grave dans lequel je me suis retrouvée après l'intervention, je me suis rendue en urgence au service d'ophtalmologie du CHU et c'est là où j'ai appris par le médecin de garde la pire des nouvelles. » Quant à Hadda Kechoud, âgée de 55 ans, hospitalisée à ladite clinique, durant la même période, pour une cataracte, elle s'est vu « ôter », cette fois par nécessité, au CHU, l'œil gauche à la suite d'une infection qui aurait été « causée par l'acte chirurgical effectué à El Anouar », selon les propos de sa fille.