Agressé hier dans son bureau par un étudiant, le professeur Mohamed Benchehida a succombé à ses multiples blessures provoquées avec un couteau de boucherie. Son agresseur n'est autre que le dénommé Charef Benhalima, étudiant en LMD mathématiques-informatique à l'université de Mostaganem, dont la victime était le responsable pédagogique. Il était 8h45 lorsque l'enseignant, qui venait de passer dans les amphis pour demander à ses étudiants d'émarger sur une feuille de présence, rejoignait paisiblement son bureau. A cet instant, son agresseur poussa la porte et s'introduisit dans son bureau. Assis face à son micro, l'enseignant, qui avait reconnu l'étudiant qui venait régulièrement réclamer son relevé de notes, a eu juste le temps de se retourner pour réaliser qu'il avait en face de lui un assassin. Selon des témoins, le professeur invitait son étudiant à patienter au moment où les premiers coups de couteau lui lacéraient le visage, le cou, le thorax et l'abdomen, causant une forte hémorragie. Les cris de douleur de la victime parvinrent rapidement à l'extérieur, ce qui ameuta des étudiants et les agents de sécurité qui se ruèrent sur l'agresseur. Ils ne sont arrivés à le maîtriser qu'au bout d'efforts conjugués. Un ingénieur se trouvant face à face avec le meurtrier, qui s'acharnait sur sa victime, témoigne avoir demandé à l'agresseur de cesser son acte abject ; il eut pour réponse une menace de mort accompagnée d'un regard de haine. Ayant assouvi son animosité, le meurtrier planta violemment le couteau sur une table. Saignant de toutes parts, la victime quittera péniblement son bureau pour s'affaler dans la cour. Le défunt dira à une de ses collègues voulant le soutenir : « je me suis vidé de mon sang. » Deux de ses étudiants, une jeune fille et un garçon lui portèrent secours, l'un en offrant sa ceinture et l'autre son pyjama afin d'en faire des garrots. Vaines tentatives, les blessures à l'abdomen saignaient à flots. Deux heures après son admission aux urgences, alors que les médecins tentaient l'impossible et que des collègues se pressaient pour donner leur sang, Mohamed Benchehida rendait l'âme. Son proche collègue de 25 ans, Ahmed Bourahla, est resté sous le choc. Il dira son incompréhension de cet acte abject et ajoutera rageusement qu'il ne voyait pas comment il pourrait continuer à enseigner, tout en sachant que parmi ses étudiants se cacherait son futur agresseur. Abattu, un professeur de chimie n'avait que ses larmes pour dire sa détresse et clamer sa rage. Car très rapidement, la nouvelle fera l'effet d'une bombe parmi les collègues de la victime. Les autorités locales se rendront à la bibliothèque centrale pour un recueillement. Informé de ce drame, Rachid Harraoubia, ministre de l'enseignement supérieur, fera le déplacement depuis Alger et assistera aux funérailles en compagnie d'une foule impressionnante. Dans une brève intervention empreinte de solennité et de recueillement, il appellera au respect de la science et des scientifiques. Il dira sa stupeur de voir un acte si tragique commis à l'encontre d'un enseignant dans l'exercice de ses fonctions. Questionné à propos de la peur, voire de la terreur que font subir certaines organisations estudiantines dans l'ensemble des campus, il affirmera avec force que la loi sera appliquée dans toute sa rigueur et qu'aucun contrevenant ne sera à l'abri. Après la prière du mort, la foule compacte et résignée se retirera dans un silence religieux. Ses collègues, dont ses anciens camarades de l'université de la Sénia qui ont fait le déplacement, seront unanimes pour soutenir que cet événement tragique n'était que la conséquence d'une gestion où la compromission et les lâchetés auront fait le lit de la concussion et du défaitisme. Nombreux sont ceux qui rappellent qu'une année auparavant, Mohamed Djalem, leur collègue de biologie, se faisait agresser en plein amphi. A ce jour, son agresseur n'a même pas été inquiété. Un laxisme de trop qui vient de se traduire par ce crime abominable.