Le tsunami, le raz de marée meurtrier qui a suivi le séisme au large de l'Indonésie, est le quatrième plus important enregistré depuis un siècle, selon le géophysicien et spécialiste français des tsunamis Emile A. Okal qui collabore avec l'observatoire de Hawaï. Comment s'explique ce raz de marée meurtrier qui s'est produit après le séisme ? C'est très compliqué. En gros, il y a quatre origines possibles pour les tsunamis. Le plus grand nombre des tsunamis se produisent après un séisme. La deuxième source vient des avalanches sous-marines, parfois déclenchées par des séismes comme en Papouasie-Nouvelle-Guinée en 1998. La troisième source est l'explosion d'un volcan comme à Krakatoa, petite île entre Java et Sumatra (qui avait fait plus de 36 400 morts en août 1883). La quatrième possibilité est la chute dans l'eau d'un astéroïde (...). Le tsunami de dimanche vient d'un séisme qui s'est produit sur une frontière de plaques, australienne et indienne, sur laquelle il y a eu de forts séismes auparavant sans jamais atteindre ce genre de magnitude. Il n'y a que cent ans que l'on mesure les séismes à peu près proprement. Et si les séismes se reproduisent en quelque sorte, plus ou moins semblables, tous les 400 ans, vous comprenez qu'on a pu manquer le précédent. On savait qu'il y avait des séismes relativement forts, mais il n'y en avait pas eu depuis longtemps : est-ce que c'était parce que la faille glissait, est-ce que c'était au contraire parce qu'il se préparait un fort séisme ou parce qu'il se trouve que ce séisme a été plus fort que les précédents ? Il s'agit du quatrième plus grave tsunami du siècle : on avait celui au Japon (San Riku) en 1933 avec 3000 morts, celui de Kamtchatka en Russie en 1952 qui a fait 5000 morts et le troisième s'est produit en Papouasie-Nouvelle Guinée en 1998 faisant 2200 morts. Y a-t-il une possibilité pour que les répliques reproduisent des tsunamis ? Les répliques, même d'une magnitude plus petite, peuvent être dangereuses car elles peuvent provoquer de nouveaux tsunamis et des glissements de terrain parce que le sol est fragilisé et extrêmement précaire. C'était par exemple le cas au Mexique en 1932 où la réplique a créé un tsunami plus fort que le séisme lui-même. On peut s'attendre à des effets identiques pendant quelques semaines, ça peut être 19 jours après le jour du séisme, comme c'était le cas au Mexique, ou dans une semaine. C'est pour cette raison qu'il faut souligner la valeur de l'information de la population (...) : si les gens sont préparés, et partent loin de la côte dès qu'il y a un séisme, ils peuvent sauver leur peau. Pourquoi n'y a-t-il pas de système d'alerte dans la région ? C'est parce que c'est une infrastructure complexe et qui coûte très cher. Dans l'océan Indien, la perception du danger est plus faible car on ne se rappelle plus du danger et on a tendance à oublier le risque.