L'interdiction d'importation de médicaments fabriqués localement et l'obligation faite aux opérateurs et laboratoires pharmaceutiques étrangers d'investir dans le pays sont qualifiées par l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop) de décisions qui relèvent du « patriotisme économique éclairé ». Ce qui a été depuis des années une revendication a fini par avoir enfin un écho et redonner une chance à l'industrie pharmaceutique algérienne qui est menacée de disparition. Les nombreux appels et déclarations des différents opérateurs en pharmacie ont fini par convaincre le gouvernement pour revoir sa copie, notamment le cahier des charges datant de juin 2005 comportant des mesures jugées décourageantes pour le secteur, comme la levée de l'obligation d'investir et l'ouverture totale du marché sans contrepartie. Il y a lieu aussi de citer « la levée de l'obligation d'importer des produits ayant une durée de vie supérieure aux deux tiers de la vie totale du produit, ainsi que l'obligation pour les laboratoires étrangers installés en Algérie d'être les importateurs exclusifs de leurs produits ». Ces dispositions ont été maintes fois dénoncées et qualifiées de contradictoires avec la politique prônée par les pouvoirs publics, mais sans que le ministère de la Santé ne se soit soucié des conséquences. « Les exigences de l'OMC l'obligent », n'avait-on pas cessé de rétorquer aux critiques. Pour l'Unop, ces nouvelles décisions du gouvernement, qui annulent les dispositions du cahier des charges, doivent être suivies d'autres mesures allant dans le sens d'une amélioration des conditions d'enregistrement et de remboursement de nouveaux médicaments. « Il s'agit d'une décision courageuse qui permettra à l'Algérie d'atteindre un objectif de couverture de 65% à l'horizon 2012, dans la mesure où les dossiers d'enregistrement des nouveaux produits sont acceptés, traités et remboursés par l'administration de la santé, du travail et des affaires sociales dans les délais réglementaires », a souligné l'Unop dans un communiqué rendu public hier. Ces mesures, poursuit l'Unop, donnent la priorité à la production nationale en matière de médicaments plutôt qu'à l'importation des mêmes produits et visent à optimiser l'utilisation des capacités nationales de production et à promouvoir l'emploi dans un secteur technologique à haute valeur ajoutée. Ces mesures, ajoute l'Unop, vont dans le sens « des demandes exprimées de longue date par l'Unop pour le développement d'une industrie nationale puissante et performante et la diminution de la dépendance extérieure ». Et de signaler que l'Unop est consciente de la lourde responsabilité qu'auront à assumer ses adhérents et des défis à relever pour sécuriser l'approvisionnement du marché. Pour rappel, la facture d'importation des médicaments a atteint 1,040 milliard de dollars durant les 8 premiers mois de l'année 2008, contre 1,3096 milliard de dollars pour l'année 2007, soit une évolution de 19,18%.