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L'Autorité palestinienne à l'épreuve des législatives
TERRITOIRES PALESTINIENS
Publié dans L'Expression le 26 - 12 - 2005

Plus que jamais les législatives, prévues le 25 janvier, constituent pour les Palestiniens un test majeur quant à leurs capacités à diriger les territoires occupés.
Au moment où Israël accentue sa pression sur les Palestiniens, ceux-ci, repris par des ambitions politiciennes terre-à-terre, s'entredéchirent pour un pouvoir à tout le moins virtuel. Ainsi, le mouvement Fatah du président Mahmoud Abbas donne un spectacle affligeant de ses déchirements quant l'heure est encore à l'unité et à l'abnégation. De fait, le mouvement révolutionnaire fondé en 1965 par le défunt Yasser Arafat n'a pas su tout au long de ces dernières années se reconvertir en parti de gouvernement, alors que la gestion de l'Autorité autonome palestinienne ne semble pas lui avoir donné les assises propres à lui permettre de s'imposer dans un champ politique palestinien qui reste à construire. En fait, onze ans de pouvoir n'ont pas permis à l'Autorité palestinienne de s'imposer comme gouvernement du fait que la Palestine a été phagocytée par la corruption et le clientélisme et noyautée par les caciques du Fatah, peu enclins à passer la main. La percée spectaculaire des islamistes du Hamas s'explique en grande partie par les déchirements au sein du Fatah d'une part, par le discrédit des hommes politiques du parti de Mahmoud Abbas, et la vacance de pouvoir qui en découle, d'autre part. En fait, Hamas n'a fait que ramasser les dividendes des errements et du laxisme du gouvernement de l'Autorité palestinienne incapable, un exemple parmi d'autres, d'imposer la loi dans la bande de Ghaza, évacuée par les Israéliens, où règnent en maîtres les bandes et groupes armés. De fait, le chaos et l'insécurité qui règnent dans ce territoire palestinien illustrent l'impréparation de la direction palestinienne à faire face à une situation (le retrait israélien) appelée pourtant de leurs voeux par les Palestiniens. De fait, face à l'insécurité qui sévit à Ghaza et à la persistance des tirs de roquettes, à partir de ce territoire, Israël a décidé de créer une «zone de sécurité» à la frontière de la bande de Ghaza (du côté palestinien), ce qui équivaut quasiment à une réoccupation de la bande frontalière. En fait, les Israéliens ont beau jeu d'exciper de l'insécurité pour revenir par la fenêtre dans un territoire qu'il ont quitté en grande pompe par la porte. Ainsi, selon des sources israéliennes, le Premier ministre israéliens a donné jeudi son feu vert à la mise sur pied d'une «zone de sécurité». Le porte-parole de Sharon indiqua à ce propos: «Lors d'une rencontre jeudi avec des responsables militaires, M.Sharon a donné la consigne à l'armée de renforcer ses actions et faire tout son possible pour stopper ces tirs». Un autre responsable israélien confirme: «Le Premier ministre a donné son accord de principe à un plan mis au point depuis plusieurs mois pour créer un “cordon sanitaire” afin d'empêcher ces tirs» ajoutant «le plan sera mis en action dès que possible, à moins que l'Autorité palestinienne ne prenne enfin les mesures nécessaires pour stopper les tirs». C'est bien la capacité de l'Autorité palestinienne à prendre les décisions qu'il faut qui est aujourd'hui en jeu. C'est dans ce contexte difficile, ou le gouvernement transitoire palestinien est remis en cause et au moment où les islamistes montent en puissance - comme le montre la victoire du Hamas aux municipales de Cisjordanie au début de ce mois- que vont intervenir dans moins d'un mois des législatives qui d'ores et déjà apparaissent cruciales, voire décisives, pour le devenir de l'Autorité palestinienne mise aujourd'hui en demeure d'assumer ses responsabilités. Or, le Fatah -qui incarne l'Autorité palestinienne- miné par des querelles de leadership - quand ses ténors semblent plus préoccupés de sauvegarder leur pouvoir pour les uns, de le conquérir pour les autres- donne une image déplorable, quelque peu réductrice, de la direction palestinienne, confortant, a contrario, le déni israélien, Israël se montrant peu pressé de voir s'ériger l'Etat palestinien à ses côtés. La situation interne dans les territoires palestiniens à la veille du rendez-vous législatif du 25 janvier suscite en fait l'inquiétude de la communauté internationale qui n'a pas manqué ces derniers jours de dire sa préoccupation quant à une possible arrivée du Hamas au pouvoir. De fait, Javier Solana, Haut représentant de l'Union européenne (UE) pour la politique étrangère -qui se trouvait la semaine dernière à Rafah ou il visita le terminal palestinien-, résume parfaitement l'opinion européenne et américaine lorsqu'il déclara qu'«il sera difficile à l'Union européenne d'oeuvrer avec l'Autorité palestinienne si le mouvement radical islamiste Hamas devait remporter les élections de janvier». Ainsi, sans le dire clairement, Américains et Européens mettent en garde l'Autorité palestinienne et remettent en cause le droit d'une catégorie de Palestiniens à participer à la vie politique et électorale des territoires palestiniens. En fait, le Hamas aura beau jeu dans ce scrutin si le Fatah ne parvient pas à dépasser ses divergences actuelles. D'autant plus que des femmes et des hommes les plus représentatifs de la nouvelle génération palestinienne, à l'instar de Hanane Achraoui et Salam Fayyad, ont décidé de prendre du recul par rapport aux élections du 25 janvier et de retirer leur liste «la Troisième voie» de la course aux législatives. Expliquant les raisons de ce désistement, M.Fayyad a indiqué: «Notre liste, “La Troisième voie”, a décidé de suspendre sa participation à la campagne électorale» par le fait que «les circonstances actuelles et les derniers développements ne créent pas une atmosphère propice à la tenue de ces élections dans de bonnes conditions», mettant en exergue le chaos qui règne dans la bande de Ghaza et regrettant les divisions qui minent le Fatah, le vieux parti de Yasser Arafat, comme de déplorer l'incapacité du gouvernement à imposer son autorité à Ghaza. En fait, c'est là que le bât blesse: la présumée faiblesse du président Mahmoud Abbas à imposer à tous les lois de l'Autorité qu'il préside en ne parvenant pas à prendre, ou reprendre, le contrôle de la bande de Ghaza évacuée, test sur lequel tout le monde l'attendait, notamment Israël et l'Occident. Aussi, il appartient à l'évidence à Abou Mazen (Mahmoud Abbas), vieux compagnon de Yasser Arafat et l'un des fondateurs du Fatah, de montrer qu'il ne saurait y avoir qu'un seul pouvoir dans les territoires palestiniens, notamment dans la bande de Ghaza évacuée, celui de l'Autorité palestinienne. Aussi, l'Autorité palestinienne et son gouvernement se trouvent-ils face à une délicate épreuve : celle des législatives laquelle risque de constituer un tournant dommageable pour les Palestiniens et faire persister l'impasse sur le conflit israélien-palestinien qui entre dans sa soixantième année.

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