Sonelgaz tire la sonnette d'alarme. Dans une conférence de presse organisée par son nouveau directeur, la direction régionale de Sonelgaz de Boumerdès, a évoqué les difficultés auxquelles elle est confrontée. De lourdes créances sur les institutions étatiques, des fraudes, des branchements illicites, des sabotages et autres vols de fils électriques freinent l'élan de développement entrepris par l'entreprise. S'il se veut rassurant quant à « l'amélioration certaine des prestations », M. Kadouri Kouider a néanmoins révélé que son entreprise est lourdement pénalisée par ces handicaps. Dans l'incapacité d'assurer le recouvrement de ses créances auprès des institutions et autres organismes étatiques, la Sonelgaz ne peut malheureusement atteindre le niveau de perfection attendu d'elle et auquel elle aspire. L'entreprise est victime d'une gestion politicienne de l'alimentation en électricité. Des raccordements illicites, des cas de fraude avérés et des dépassements sur le réseau sont quotidiennement relevés et signalés, mais les pouvoirs publics refusent de réagir. Dans le seul bidonville dit Dallas, à Reghaïa, par exemple, la Sonelgaz a perdu pas moins de 6 transformateurs détruits suite aux multiples raccordements frauduleux. Mais personne ne se soucie de ces « actes de malveillance » qui pourtant ont des conséquences dramatiques sur l'entreprise et sa clientèle. « Notre réseau répond aux normes internationales. Il est le même que celui des pays de l'Europe, mais il est malheureusement soumis à des interventions externes qui le dégradent et diminuent de sa performance », a dit le directeur de la Sonelgaz de Boumerdès. Ce responsable soutient que « l'électricité est produite en quantité suffisante », et précise que « ce sont les cas de fraude et autres dégradations que subissent nos infrastructures qui provoquent les coupures de courant. Le réseau est évidemment soumis à l'intervention des forces extérieures, dont les conditions climatiques et l'action de l'homme. Et c'est malheureusement ce dernier facteur qui cause le plus de préjudices », a expliqué M. Kouider. Les cas de fraude ont généré un taux de perte de 27% de la quantité livrée dans la wilaya de Boumerdès. Ce qui est énorme. La Sonelgaz « a décidé de mieux communiquer avec le citoyen afin de pouvoir le sensibiliser sur sa contribution pour lui assurer un meilleur service », selon M. Kouider. Mais ce n'est certainement pas ce qui fait le plus défaut. Car si le citoyen, pris individuellement, peut être insensible aux répercussions de pareils agissements, ce n'est certainement pas le cas pour les institutions et les organismes étatiques qui, eux aussi, bafouent les règles les plus élémentaires de la bonne conduite. Les responsables de Sonelgaz l'ont eux-mêmes révélé : des APC ont dans certains cas procédé à des raccordements illicites au réseau d'électricité ; L'OPGI, l'AADL, les DTP d'Alger et de Boumerdès tout comme l'ANA et la DAL ont des dettes envers l'entreprise et qui dépassent le milliard de dinars. La seule APC de Khemis El Khechna doit honorer une facture de plus de 15 milliards de centimes. Il ressort du constat fait par la Sonelgaz que l'engagement du ministère de l'Intérieur à prendre en charge les dettes des collectivités locales n'est qu'une promesse sans effet concret. Tout cela fait des problèmes de la Sonelgaz et de l'amélioration du service public en général un problème de l'Etat algérien. Le réseau et les infrastructures de la Sonelgaz doivent bénéficier de la sécurité que doivent leur assurer les pouvoirs publics, et le consommateur de la protection de la part de l'Etat. Au demeurant M. Kadouri a rassuré que son entreprise a pris des mesures pour qu'un meilleur service soit offert aux habitants de la région de Boumerdès. « Vous l'aurez constaté : la situation s'est nettement améliorée ces derniers jours grâce aux efforts déployés dernièrement et nous promettons à nos clients d'autres améliorations qui le mettront à l'abri des désagréments provoqués par les coupures de courant et autres lenteurs administratives », a-t-il dit.