La Sonelgaz détient plus de 500 millions de dinars de redevances contractées auprès des collectivités locales et un nombre de sociétés oeuvrant sur le territoire de la wilaya de Batna, à en croire le bilan arrêté par la direction locale de distribution en fin 2009. La palme des mauvais payeurs revient aux communes qui doivent plus de 134 millions de dinars, entre dettes de travaux et dettes de consommation, suivies par les corps de sécurité avec plus de 121 millions de dinars, lit-on dans un document de synthèse adressé à la presse lors de la dernière session de l'APW. Mais si les communes sont habituées à cette réticence quand il s'agit de payer (de par les limites budgétaires et l'indulgence de l'Etat envers ces entités), la liste établie par la direction de distribution de Batna contient aussi des administrations autrement moins pauvres, à l'image de l'OPGI, l'ADE et les cités universitaires. Dans la liste « noire », présentée par Sonelgaz, on retrouve aussi la wilaya avec près de 9 millions de dinars de dettes. A croire que le principal ordonnateur, comme un cordonnier mal chaussé, peine à honorer ses redevances alors qu'il gère des budgets astronomiques à longueur d'année dans de vastes programmes de dépense publique. Le fournisseur national en énergie est asphyxié à l'échelle nationale par ces lourdes créances détenues auprès de ses abonnés, qu'ils soient particuliers ou partie de l'administration et du tissu industriel. Une situation déplorable favorisée par une tolérance dictée par le politique et des pratiques héritées de l'ancien modèle économique avec lequel l'Algérie a pourtant divorcé. Le déploiement de Sonelgaz et le développement de son réseau d'exploitation et de distribution de l'électricité et du gaz, pour une couverture totale du territoire national et une qualité de service meilleure, sont tributaires de son équilibre budgétaire. Un équilibre largement entamé par cette situation, laquelle a poussé la direction générale de la société à tirer la sonnette d'alarme à plusieurs reprises. Sonelgaz souffre aussi d'autres types de problèmes à Batna, notamment celui des branchements illicites au réseau d'électricité ou encore des difficultés à installer le réseau à cause du refus de certains citoyens à céder les terrains utiles. Un autre problème, et pas des moindres, le vol des câbles en cuivre qui a pris des proportions alarmantes, et depuis peu, celui de tous types de matériels qui parfois pousse les contrevenants à vouloir voler des installations sous tension, d'où des incidents parfois mortels. Ceci dit, ces obstacles peuvent retarder l'investissement, mais pas l'empêcher. La direction locale en tient pour preuve le passage du nombre de communes bénéficiaires du gaz butane de 11 en 1999 à 40 en 2009, sur l'ensemble des 61 communes que compte la wilaya. Ce qui est en soi un grand exploit sachant que le nombre d'abonnés est passé du simple au double, soit de 54 630 à 127 878, pour la même période. De manière indirecte, et plutôt élégante, la Sonelgaz de Batna invite ses grands clients à mettre la main à la poche pour honorer leurs redevances, et ne pas hypothéquer l'avenir de la société et le devenir de ses projets. D'autant que la commission de l'APW, chargée du budget et des finances, recommande la réactivation du programme de wilaya d'alimentation des communes en gaz naturel et le retour à la méthode du financement mixte qui implique, en plus du fournisseur, les collectivités locales.