L'éden du grand sud est en fête depuis le 29 octobre, date à laquelle le 1er festival de la musique et de la chanson touareg a pris son point de départ. Djanet : De notre envoyée spéciale Djanet, cette belle contrée du Tassili N'ajjer, ce joyau que la nature a façonné avec adresse pour réconcilier le désert avec la vie, s'est parée de ses atours festifs afin de célébrer un pan de la culture touareg, celle d'un peuple qui a su allier noblesse et humilité. Honoré de Balzac disait : « La musique seule a la puissance de nous faire rentrer en nous-mêmes. » que dire alors de la musique touareg ; cette expression ô combien enivrante de la fusion entre le désert et l'âme humaine. Des épousailles qui allièrent des siècles durant la rudesse d'un environnement à la sensibilité d'une voix, d'un son ou d'une note et dont le fruit n'est autre qu'un nectar de plaisir auditif transperçant l'espace temporel pour atteindre la dimension du lyrisme. Des chaudes sonorités du tindi, menées tambour battant par une troupe de femmes faisant virevolter leurs voix au gré d'ondulations infinies, aux appels ensorcelants de la flûte enchantée qui semble suivre dans le vent les courbures des dunes, en passant par le dialogue mystique associant la joueuse et le chanteur de l'imzad à l'immensité du Sahara. La chanson touareg est en soi un savoureux mélange de sons et de voix colorés par ce même mystère entourant le désert. Même l'introduction d'instruments modernes à la musique touareg n'a pas altéré son authenticité. C'est la musique touareg qui a su dompter la guitare électrique et le luth pour en extraire juste cette pulpe qui ajoute de la contemporanéité à la musique traditionnelle sans en affecter l'âme. Durant six jours, des troupes musicales des wilayas de Tamanrasset, Adrar et Illizi se relayeront sur différents podiums, réservés à l'occasion par la direction de la culture d'Illizi, pour donner toute sa couleur à ce festival qui rend hommage au patrimoine immatériel de ces régions peuplées d'hommes bleus. Journée d'étude sur le patrimoine immatériel, des expositions, et des concerts de musique ornent le programme de ce festival qui gagnerait à obtenir un cachet international. Un concours récompensant les meilleurs groupes et meilleurs interprètes de la chanson touareg est aussi prévu dans le programme des festivités où seront décernés, à la clôture, des prix d'encouragement aux meilleurs participants. Djanet fait par ce festival un pas énorme dans la processus de préservation du patrimoine immatériel dont jouit la région et dont l'Algérie entière peut être fière.