Durant un temps assez court, dédié à des milliers d'années de transmission d'un patrimoine immatériel dont la grande valeur demeure otage de la mémoire des seules populations touareg, des artistes venant des wilayas de Tamanrasset, Adrar et Illizi ont exprimé, chacun à sa façon, leur désir de conserver l'héritage de leurs ancêtres et devenir à leur tour témoins d'une pratique artistique qui tend à se perdre face à la machine de la mondialisation. Djanet : De notre envoyée spéciale Le festival, malheureusement émaillé de mauvaises formes d'organisation, a eu toutefois pour mérite de souligner l'importance de l'appartenance à une culture et une civilisation qui ont marqué de leurs empreintes des rochers, des coutumes et modes de vie et créer des modèles d'expression faisant la renommée des hommes bleus. L'urgence aujourd'hui, comme le souligne l'objectif de ce festival, est de parvenir à préserver tout le patrimoine national, notamment immatériel qui est en déperdition. Parmi les recommandations énoncées lors des travaux de la journée d'étude introduite dans le programme du festival : recourir à l'inventaire et l'enregistrement audio-visuel systématique du patrimoine musical et poétique ainsi que la création d'une banque de données du patrimoine oral et de ses détenteurs. « La musique et chanson touareg répondent comme des moyens de communication à des demandes sociales pour célébrer certains évènements. Et il est important de préserver non seulement la musique, mais aussi tout le cadre qui est autour et qui motive ces demandes sociales qui portent en elles des besoins d'expression », explique Amokrane Salah, directeur de l'Office du parc national du Tassili. Si le festival a été une occasion de mettre sous les feux de la rampe la richesse musicale des touareg d'Algérie, il aura aussi mis le doigt sur la menace des influences musicales voisines, notamment celles du Mali et du Niger. L'introduction de la guitare électrique dans la musique targuie algérienne a fait vibrer la fibre patriotique des professionnels de la chanson targuie qui clament le retour à l'authenticité. « Je ne suis pas contre la modernité, mais je suis contre qu'on importe des modèles tout faits du Mali. La musique targuie algérienne est restée pure, il ne faut pas l'orienter vers ce qui fera sa mort », indique Chekali Ahmed, lauréat du premier prix du festival pour le meilleur artiste interprète. Ce dernier regrette aussi que la chanson targuie demeure cantonnée dans la seule région du grand Sud, loin de tout encouragement de la part des autorités du pays. Le chanteur Choghli a exprimé, quant à lui, son mécontentement de ne pas avoir été sélectionné par les membres du jury, alors qu'il est très connu. « Moi qui tiens à jouer de la musique traditionnelle, je ne comprends pas qu'on me fasse rentrer dans une compétition avec des artistes qui jouent un style différent et très moderne », déplore-t-il. A noter que les résultats du concours du meilleur artiste ont honoré six chanteurs, dont deux femmes. Le concours gratifiant les meilleures troupes musicales a, quant à lui, attribué à la troupe du Tassili le premier prix, suivie de deux groupes, l'un baptisé troupe de Bordj El Haouès et la troupe Ithrane de Tamanrasset, suivis d'un troisième prix pour la troupe guitare de Adrar. Un prix spécial d'encouragement a, par ailleurs, été décerné à Kel Tamanrasset pour le tindi, l'imzad et la tazamaret, et au tindi de Adrar ainsi qu'à la troupe de l'imzad de El Hadj Brahim. Cheb Anouar écourte son concert Invité à donner un concert en fin de festival de la musique targuie à Djanet, le chanteur de Tlemcen, cheb Anouar a été contraint d'écourter son concert à cause du déchaînement de ses fans. Prévoyant un programme de deux heures et demie de chansons non-stop, Anouar a eu du mal à chanter pendant une heure à cause des défaillances dans l'organisation et l'envahissement de la scène par des centaines de fans en mal de spectacles et de distractions qui espéraient toucher une des stars qu'ils ne voient qu'à la télévision. Le chanteur, après maintes tentatives de calmer son public, a dû quitter la scène sous escorte.