La savonnerie de Douirette, le commissariat central, la ferme Foutry et le commissariat d'El Affroun étaient autant de lieux de torture parmi tant d'autres que rien aujourd'hui ne peut prouver l'existence de cette méthode « horrible ». A titre d'exemple, l'ex-Savonnerie de la rue Etienne Dinet de Douirette a été transformée en siège de la protection civile de Blida, sans pour autant préserver son cachet historique et douloureux à la fois. Même les écoliers n'ont jamais eu l'occasion de visiter la bâtisse en question où plusieurs martyrs y ont pourtant trouvé la mort dus aux sévices et tortures de l'occupant français. La ferme Foutry d'El Affroun reste aussi méconnue, et rares sont ceux qui savent que cette dernière constituait un endroit où régnait la mort. « La ferme Foutry abritait un camp militaire où l'on torturait les prisonniers. Ces derniers étaient jetés dans la cave de cette ferme, laissés sans nourriture, sans eau ni lumière jusqu'à leur mort », nous dira Zouaoui Abdelkader, ancien moudjahid et membre de l'ALN qui activait notamment au niveau de la région ouest de la Mitidja. Concernant l'ex-commissariat central de la ville des Roses, ce dernier a été aménagé en inspection régionale de la police, chapeautant Alger et toutes les wilayas du centre du pays. Cela avait nécessité des opérations de transformation pour répondre « soi-disant » aux besoins du bon fonctionnement de cette institution. Des changements qui semblent toutefois « fatals » puisqu'ils ont tué et effacé toute une mémoire qui ne cesse de chercher son « concret » pour qu'elle soit perpétuée à travers le temps. « Au niveau de ce commissariat, on subissait la torture la plus atroce de la part de l'armée française. Cette dernière n'avait pas trouvé mieux pour mener sa sale besogne que de nous mouiller la tête dans des bassins d'eau en nous faisant subir la torture de l'électricité et en nous assénant de violents coups de poing au crâne et au visage », nous raconta, avant sa mort, le célèbre révolutionnaire de la wilaya IV, en l'occurrence le défunt Boualem Kanoun. Les aménagements concernent aussi l'ex-maison des jeunes d'El Affroun, devenue auberge de jeunesse. Toutefois, les « transformateurs » de la bâtisse en question, une villa remontant à l'ère coloniale, n'ont rien fait pour au moins préserver sa cave qui servait de lieu de torture des moudjahidine durant la Révolution nationale. Hélas, les autorités de Blida semblent ne rien faire pour préserver ce pan de l'histoire révolutionnaire de l'une des villes les plus importantes de la wilaya IV. La seule chose qui est sûre, c'est qu'à la veille de chaque événement historique, comme celui du1er Novembre, ils se contentent de diffuser, sur les places publiques, les mêmes chants patriotiques de plus en plus lassants. Sinon, Blida n'a même pas un musée et son histoire demeure en danger…d'oubli