Dans un contexte économique mondial maussade, les prix du pétrole peinent à reprendre une courbe ascendante malgré la décision prise par l'Opep le 24 octobre dernier à Vienne de réduire son offre de 1,5 million de barils par jour à partir du 1er novembre. Les cours du brut se stabilisent à peine au-dessus des 60 dollars (67,81 dollars à New York et 65,32 dollars à Londres) après avoir chuté depuis le début du mois d'octobre de 32,6% et perdu 60% de leur valeur depuis le pic de 147 dollars atteint à la mi-juillet dernier. A ce propos, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, président en exercice de l'Opep, a affirmé hier sur les ondes de la Chaîne III que les pays de l'Opep se fixent pour objectif de stabiliser les prix du pétrole entre 70 et 80 dollars le baril. Concernant le peu d'écho enregistré sur les marchés boursiers suite à la réunion extraordinaire de l'Opep, le ministre estimera que « c'est la loi du marché qui va décider du niveau des prix » et le marché ne va pas « prendre pour argent comptant les déclarations des différents décideurs sur la baisse ou une autre baisse de l'offre de pétrole », soulignera-t- il. C'est donc une notification officielle de la réduction des quotas qui est attendue par le marché, semble signifier M. Khelil, qui tiendra à souligner que plusieurs pays membres de l'Organisation ont déjà annoncé une réduction effective, à l'image de l'Algérie, des Emirats arabes unis, du Nigeria et de l'Iran. Il précisera par ailleurs que le marché attend la baisse effective de 5% de la production de l'Arabie saoudite, qui « n'a pas encore notifié sa décision de baisse à ses clients ». « Moi-même, j'ai informé tous les membres qu'il fallait le faire, puisque c'est le seul moyen pour le marché de savoir qu'on est vraiment sérieux quant à l'application de la décision de Vienne », a précisé le président de l'Opep. Ce dernier n'a pas écarté que la baisse des prix continuera si la situation économique mondiale reste en berne. « Si elle (la situation économique) continue à se détériorer, il est clair que la demande perçue par le marché va diminuer. Donc, il y aura une tendance à la baisse des prix du pétrole », a-t-il dit. Le président de l'Opep n'a cependant pas écarté une remontée des prix, libellés en dollars, dans le cas d'une dépréciation de la monnaie américaine. « Si le dollar faiblit par rapport aux autres monnaies, à ce moment-là il y aura une remontée des prix du pétrole. C'est l'impact de tous ces éléments-là qui va décider du prix du pétrole », a-t-il ajouté. Sur le long terme, M. Khelil a prédit une remontée des cours du pétrole. « Nous pouvons affirmer qu'à long terme, dans les deux à trois ans, les prix du pétrole vont remonter, car il y a un désinvestissement et de nombreux projets ont été arrêtés », a-t-il souligné. A propos du forum des pays producteurs et exportateurs de gaz, M. Khelil a rappelé la mise sur pied à Doha d'un groupe de travail chargé de la question. La réunion prochaine du forum à Moscou sera l'occasion pour décider du statut à donner à cette entité. Il a précisé toutefois que l'organisation ne pourra agir que sur un marché de gaz indépendant dans 10 à 15 ans.