La suspension du chef des renseignements généraux de la sûreté de wilaya d'Alger (SWRG), de deux ses éléments et du commissaire du 5e arrondissement (Bab El Oued) suscite encore de lourdes interrogations. Prise dans la discrétion la plus totale, la décision a fait l'effet d'une bombe dans le service, même si à ce jour rien n'a filtré officiellement sur cette affaire. Si les proches du responsable des renseignements généraux parlent de « complot et de règlement de comptes pour l'écarter du poste », d'autres sources affirment, en revanche, que la suspension n'est qu'une première étape d'une procédure engagée par la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) contre les mis en cause pour une « grave affaire » liée au terrorisme. L'enquête interne dont les conclusions ont été déposées sur le bureau du juge impliquerait les quatre policiers, dont les deux officiers. Il s'agirait, selon nos sources, d'une gestion jugée « suspecte » d'un rapport d'habilitation pour le recrutement d'un policier. Ce dernier a réussi à intégrer les rangs de la Sûreté nationale, alors qu'il avait donné une fausse adresse personnelle dans son dossier. L'enquête d'habilitation faite par les RG, que ce soit au niveau central ou au niveau de Bab El Oued (adresse présentée par le policier), n'a rien permis de déceler. Il a fallu l'arrestation d'un terroriste pour découvrir que le mis en cause avait des liens avérés avec le GSPC. Personne ne sait si le chef des renseignements généraux, ses deux éléments et le commissaire de Bab El oued ont commis une erreur d'appréciation ou une faute professionnelle. « C'est pour cette raison que la direction générale a opté pour la suspension comme mesure administrative, en attendant les poursuites judiciaires. Les policiers auront ainsi l'occasion de se défendre et de lever le voile sur les tenants et les aboutissants de cette grave affaire », ont affirmé nos sources. Depuis le début de l'année, c'est le quatrième haut gradé (après l'ex-inspecteur général, le chef de cabinet et le directeur de l'Ecole supérieure de la police de Châteauneuf), qui fait l'objet d'une suspension suivie de poursuites judiciaires. Une année qui, faut-il le préciser, a été marquée par une cascade de scandales qui ont secoué l'institution policière. Le plus important aura été celui relatif à la disparition d'un lot d'armements du service de l'armurerie du commissariat central et pour lequel plus d'une dizaine de cadres et de simples policiers ont été poursuivis. L'autre affaire qui a fait tache d'huile est celle qui a éclaboussé le commissariat de Chéraga, où plusieurs policiers, dont le commissaire, ont été accusés de torture sur un citoyen. Pour la première fois dans les annales de la police, les mis en cause ont été déférés devant un tribunal criminel (de Blida). Il y a quelques semaines, c'est l'Ecole supérieur de police qui a été mise sous les feux des projecteurs, après que huit de ses dirigeants, dont le directeur, un divisionnaire, ont été suspendus et poursuivis pour avoir été « complaisants » dans les épreuves de concours d'accès au grade d'inspecteurs principaux. Les griefs retenus contre eux sont, entre autres, abus d'autorité et faux et usage de faux, alors que leur dossier est toujours en instruction. Si certaines sources policières mettent ces scandales à répétition sur le compte d'une opération « mains propres » menée depuis plus d'une année par le directeur général dans les rangs des agents de la Sûreté nationale, d'autres, en revanche, craignent que ces scandales ne relèvent d'une logique de « règlement de comptes », où souvent ce sont les lampistes qui paient pour les véritables auteurs. Contacté pour solliciter son avis sur ces affaires, le chargé de la communication au niveau de la direction générale de la Sûreté nationale s'est refusé à tout commentaire, renvoyant la balle à la justice, où les dossiers sont pendants.