Satisfaits de la réussite de leur mouvement de protestation, les syndicats envisagent de durcir leurs actions en observant un autre débrayage. La grève de trois jours initiée par la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique a été ponctuée hier par des sit-in et des assemblées générales à travers tout le territoire national. Les animateurs de ce mouvement de protestation ont exprimé leur satisfaction quant à la réussite de leur action qui a paralysé le monde de la santé à plus de 90% et une grande partie des établissements scolaires (entre 60 et 70%). Hier, l'amphithéâtre du centre Pierre et Marie Curie du CHU Mustapha Bacha avait du mal à contenir la foule venue assister à l'assemblée générale animée par les syndicats de ce secteur et à laquelle ont pris part tous les représentants de la coordination. Toutes les personnes qui se sont exprimées ont réclamé le durcissement du mouvement en proposant un autre débrayage dont les modalités et la date seront discutées au sein de la coordination. « Nous n'avons pas d'autre alternative que de continuer à manifester. Après trois jours de grève, aucun responsable ne nous a contactés pour nous écouter. C'est le mépris. Une indifférence totale des pouvoirs publics », a lancé un praticien. La base de ces syndicats revendique sans aucune exception une grève illimitée. Une proposition qui n'a pas été votée à l'unanimité, car il est préférable, de l'avis de la majorité, d'aller crescendo. « Certes, il faut maintenir la pression, mais il ne faut pas brûler les étapes. Nous proposons pour l'heure une autre grève d'une semaine tout en assurant le service minimum », a soutenu docteur Djidjik, secrétaire général du SNMASM. Une suggestion adoptée par l'ensemble des présents à ce regroupement. Ces derniers menacent de radicaliser davantage la protestation dans le cas où le pouvoir ne change pas de politique à leur égard. « La grève de ces trois jours a touché les soins et l'enseignement. Nous avons épargné le service des urgences pour ne pas pénaliser les citoyens. Si le pouvoir veut le pourrissement, il assumera pleinement cette responsabilité », a répliqué un praticien. « On veut des négociations » Pour le docteur Djidjik, les syndicats ne cherchent pas la confrontation, mais souhaitent seulement des solutions concrètes aux problèmes exposés depuis de longues années par les travailleurs de la santé, de l'éducation et de l'administration publique. Docteur Sobeihi, médecin spécialiste en réanimation a rappelé que les médecins du secteur public ne sont pas bien rémunérés, ce qui les empêche d'avancer dans leur recherche, de s'abonner aux revues scientifiques et de pouvoir éventuellement prendre part aux différents congrès... Par ailleurs, cette assemblée a été suivie par un sit-in dans l'enceinte de l'hôpital. Les praticiens spécialistes, les maîtres assistants en sciences médicales, les psychologues, les professeurs et docents, les généralistes ont tous brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Nous voulons l'amélioration de notre situation socioprofessionnelle » ; « Nous exigeons la révision de la nouvelle grille des salaires » ; « Les syndicats autonomes sont partenaires sociaux à part entière ». Les grévistes demandent l'ouverture des négociations sur le régime indemnitaire pour pouvoir combler le « déficit » occasionné, selon eux, par la nouvelle grille de la Fonction publique. Ils insistent aussi sur la reconnaissance, par les pouvoirs publics, des syndicats autonomes de la Fonction publique comme partenaires sociaux incontournables. Les représentants des différents syndicats ont, à l'unanimité, soutenu que leur mouvement et leurs revendications ne sont pas d'ordre politique, comme veut le faire croire le pouvoir. « Nous sommes une organisation apolitique. Ce qui nous intéresse, ce n'est pas la révision de la Constitution ni un troisième mandat pour le Président, mais une oreille attentive pour le règlement de nos problèmes afin d'améliorer le rendement à tous les niveaux : santé, éducation et administration », a soutenu M. Mériane, porte-parole de la coordination. Pour ce qui est du taux de suivi de la grève pour la troisième journée, M. Mériane s'est dit satisfait tout en précisant qu'aujourd'hui les représentants de la coordination animeront une conférence de presse pour évaluer le mouvement et faire le ménage au sein de la coordination. « Notre organisation est ouverte à tous les syndicats sérieux, il y aura un filtrage pour éviter les surprises de dernière minute », a soutenu docteur Yousfi.Notons au passage que le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière ne s'est pas prononcé sur le contenu des revendications du personnel de son secteur. Il a davantage insisté sur le taux de suivi de la grève qui, de son avis, n'a pas dépassé dans la journée d'hier 2,89%. Ce que le terrain a démenti. Les grévistes ont qualifié ce comportement de scandaleux.