Le coordinateur des sinistrés, Mohamed Yacoubi, a été condamné avant-hier à deux mois de prison avec sursis par la cour d'appel de Chlef. Chlef. De notre bureau Rappelons qu'il avait été poursuivi en justice par l'ex-wali pour ses déclarations sur la situation des occupants des habitations en préfabriqué. Il s'agit seulement d'une réduction de la peine de six mois de prison avec sursis prononcée en première instance. L'intéressé compte faire appel, car il estime qu'il n'a rien fait pour mériter une telle peine. Appelé à la barre, M. Yacoubi a réitéré ses déclarations antérieures : il n'a jamais diffamé personne ou usurpé une quelconque fonction. « Mes ennuis avec l'ex-wali ont commencé dès ma prise de position sur la question du préfabriqué. Il n'a guère apprécié mes déclarations sur les conditions précaires dans lesquelles vivent plus de 45 000 personnes depuis 28 ans. Il a tout fait pour me destituer de la présidence de la coordination des cités en préfabriqué, alors que j'ai été légalement mandaté par les représentants des sinistrés. Ce responsable a poussé l'acharnement jusqu'à monter une affaire de toutes pièces pour me jeter en prison », a-t-il déclaré en exhibant des documents officiels, dont les PV attestant de ses rencontres avec les autorités locales. Le juge lui demandera ensuite de s'expliquer sur ses déclarations faisant état de « l'existence d'une maffia du foncier ». M. Yacoubi affirmera qu'il a juste dénoncé l'utilisation de terres agricoles parmi les plus fertiles de la région au bénéfice de projets de construction. Sur ce point, les quatre avocats qui se sont constitués bénévolement pour le défendre ont confirmé ces déclarations, indiquant qu'effectivement, des terres cultivables ont été détournées de leur vocation. « Oui, il y a une maffia du foncier, aussi bien à Chlef qu'ailleurs. Mais on n'ose pas combattre les prédateurs. Yacoubi n'a fait dire que des vérités qui sont connues de tous ; c'est à partir de ce moment que les malheurs ont commencé à s'abattre sur lui. Je le redis, Chlef demeure parmi les grands bidonvilles d'Afrique, car depuis 1983 les sinistrés ne vivent que de promesses », dira Abdelkader Bennegouche. Maîtres Abdelaziz Medjdouba, Djillali Sayah et Mme Attatfa (avocate) ont abondé dans le même sens en soulignant que leur mandant était et demeure toujours le représentant légal des sinistrés et qu'à ce titre, il a été retenu dans la commission sur la prise en charge du préfabriqué, qui a été instituée dernièrement par le gouvernement. Le collectif, dont la plaidoirie a été qualifiée de remarquable par les présents, a demandé la réhabilitation pure et simple de Mohamed Yacoubi. Le procès, qui s'est déroulé dans le calme en présence d'une foule nombreuse, a été également suivi par deux représentants de la direction nationale du RCD, en l'occurrence Tahar Besbès et Ahmed Bennegouche. « Nous sommes là pour soutenir Yacoubi et, à travers lui, tous les sinistrés du séisme d'octobre 1980 qui ont été privés de leurs droits légitimes. Au lieu de répondre de ses actes, l'ex-wali a été ‘'promu'' dans une autre wilaya », nous déclarera le député d'Alger, Tahar Besbès.