Lacom n'aura pas survécu à sa troisième année d'existence en Algérie, car la décision de sa fermeture a été définitivement prise lors de l'assemblée générale tenue dimanche dernier au Caire par son conseil d'administration, en présence de deux délégués algériens représentant les travailleurs de cette filiale. Lacom, issue d'une fusion entre deux importants opérateurs de téléphonie en Egypte, à savoir Orascom Telecom d'Egypt Telecom, s'est inscrit dès 2005 comme second opérateur de téléphonie fixe dans le pays après Algérie télécom. Les Egyptiens avaient connu en 2006 une montée en flèche du nombre de leurs abonnés, surtout avec l'introduction de l'internet illimité comme option pour les consommateurs pour 1200 DA mensuellement. Une formule qui avait séduit alors les clients, dont le nombre ne cessait de croître. Une croissance qui se consumera avec la baisse de la qualité des prestations de ce même opérateur. La grogne des consommateurs grandissait et l'opérateur, qui faisait face à des difficultés financières importantes, était dans l'incapacité d'honorer ses engagements envers ses clients, particulièrement pour l'offre internet. Début 2007, Lacom refusera même d'accorder de nouveaux abonnements à d'éventuels clients, alors que les deux étages loués à un prix exorbitant au niveau de la Business Tour Affair (tour Hilton) aux Pins maritimes avaient été vidés et les travailleurs orientés vers le site de Dar El Beïda. Le personnel, qui comptait plus de 650 travailleurs, se réduira comme peau de chagrin à 160 seulement. C'est dire que la crise était bel et bien là. Pourquoi Lacom a-t-elle donc attendu deux ans pour fermer ? C'est la question que se posent la centaine de travailleurs qui avaient choisi alors de miser sur leur entreprise, surtout que la direction leur a donné l'assurance en début d'année (juste après la visite du ministre égyptien des Télécommunications, accompagné du n°2 d'Egypt Telecom) que la cessation d'activité n'était pas envisageable et avait même laissé entendre qu'il serait fait appel aux anciens employés remerciés. Les quelques travailleurs de l'entreprise avec lesquels nous avons pris attache n'ont pas caché leur amertume quant au manque de considération. Ils nous ont confié : « Qu'on ne nous dise pas que l'entreprise n'a pas d'argent. Nous savons qu'elle en dispose, surtout qu'elle n'hésite pas à payer les services de sous-traitants des sommes exorbitantes, alors que ces sous-traitants font partie du groupe égyptien. » Et d'ajouter : « Nous dénonçons cette politique de deux poids, deux mesures, nous avons été lésés et trompés car les responsables nous ont assuré en début d'année que les choses allaient rentrer dans l'ordre. » Pour rappel, Lacom avait sans cesse décrié « le favoritisme » des autorités locales à l'égard de l'opérateur historique, dont les initiatives anticoncurrentielles. Les travailleurs dénoncent surtout une mauvaise gestion des Egyptiens.