La saison prochaine, tout sera soft, en sourdine. Les influences revendiquées par Pilati (orientalisme, japonisme) sont tellement tenues qu'elles confinent au subliminal. Passer une seule veste kimono et partout, le bermuda-serouel à fond descendu règne en seigneur. Au point qu'il se transforme en smoking le soir venu, quintessence magnifique de la nouvelle ligne YSL. Les pantalons beiges à la ligne classique sont coupés dans une toile légèrement transparente qui laisse deviner une grande culotte. Les chemises d'organdi, elles, font carrément voir un soutien-gorge. Montrer ? Cacher ? Une question qu'Yves Saint Laurent, lui-même, a toujours négocié avec brio. Mais là encore, Pilati affirme sa façon à lui de signer YSL. Chez Chanel, cela fait plusieurs saisons que la griffe affirme ses fondamentaux à travers les gigantesques décors que lui permet le Grand Palais : veste Chanel géante, manège de symboles CC et maintenant, l'adresse mythique reconstituée. Ce matin-là, les mannequins sortent de la boutique comme des clients et investissent la rue. Le message est on ne peut plus clair : la crise est là mais chez nous, on vend. Même les sacs à main sont la réplique, version cuir, du shopping bag en papier maison. Bref, la collection signée Karl Lagerfeld est à son image : élitiste et grand public.