L'élection de Barack Obama et l'euphorie qui l'a suivie en Europe n'ont pas laissé indifférente la classe politique française. Pris en flagrant délit de blancheur, des élus de droite et de gauche ainsi que des personnalités médiatiques ont décidé de se mobiliser pour défendre « l'Action positive ». Un manifeste pour « l'égalité réelle » entre tous les Français, peu importe leur couleur et leur origine, est lancé et soutenu par de nombreux députés, chefs d'entreprise et hommes politiques. Le document appelle l'Etat français à engager, sans tarder, des politiques publiques qui combattent les conséquences sociales de la discrimination, d'inciter fortement les employeurs à donner la place aux minorités visibles et à limiter les mandats électoraux pour faciliter le renouvellement de la classe politique et permettre l'entrée des « gens de couleur » dans le système politique français. Ce manifeste a reçu le soutien de la première dame de France, Carla Bruni Sarkozy, qui a décidé de s'engager pour que les « élites changent ». Profitant de la cérémonie des « Talents de cités », organisée par Fadéla Amara durant laquelle plusieurs jeunes ont été récompensés, Carla Sarkozy a jugé que la « reconnaissance des cités par le pouvoir ne suffit plus. Les gens des cités doivent devenir le pouvoir, eux aussi, à leur tour ». Elle ajoute : « Il faut aider les élites à changer… ou les forcer un peu, car la psychologie ne suffira pas. » Tout en affirmant que l'effet Obama doit nous entraîner vers le meilleur, Mme Sarkozy a estimé que « le pouvoir a souvent eu les mêmes têtes : des hommes blancs et plutôt âgés. Les habitudes, à terme, ça devient une sclérose ». C'est Yazid Sabeg, enfant d'immigré algérien, qui a lancé l'appel pour « l'Action positive ». Pour cet industriel, « la France se doit de relever le défi américain ». « On voit bien que le discours sur l'égalité des chances ne suffit pas. Nous devons aller vers l'obligation des résultat, car la réalité sociale de ce pays (La France, ndlr) a longtemps échappé aux politiques. » Paraphrasant le philosophe Aristote, lorsqu'il dit qu'il n' y a rien de plus injuste que de traiter de façon égale des situations inégales, Yazid Sabeg estime que depuis son élection, Nicolas Sarkozy n'a rien fait pour changer le sort des minorités. Il juge le plan banlieue comme étant une coquille vide. Quant aux promesses du gouvernement de corriger les erreurs de la politique d'intégration et de l'emploi, celles-ci tardent à se concrétiser sur le terrain. Impressionné par l'espoir qu'a suscité Barak Obama dans les quartiers populaires de l'hexagone, l'industriel d'origine algérienne recommande de suivre le chemin que l'Amérique a tracé. Autrement dit, réaliser l'égalité, soigner des blessures qui remontent parfois au colonialisme et réconcilier l'Occident avec le monde musulman. En attendant, une enquête sur les origines des élus municipaux est en passe d'être divulguée si l'on en croit le Haut conseil à l'intégration (HCI). Les premiers résultats indiquent que dans les villes de plus de 9000 habitants, 11,34 % des élus municipaux élus lors des élections municipales de 2008, seraient d'origine extra-européenne contre 7,82% lors des élections de 2001. Si les chiffres montrent une petite évolution, ils sont loin de constituer une avancée significative en termes de lutte contre les discriminations…