L'Afrique est prête à réagir », peut-on lire dans l'allocution du président Bouteflika prononcée hier à l'occasion de l'ouverture des travaux de la conférence africaine des ministres de l'Environnement sur les changements climatiques. Certes, l'Afrique est prête. Mais, faut-il encore qu'elle s'en donne les moyens. Et c'est à cet effet que des experts du continent se sont réunis du 16 au 18 novembre à Alger. Car si « l'Afrique a progressé dans l'élaboration de ses propositions », comme le souligne le président de la République, il n'en demeure pas moins qu'il faille dégager des capacités humaines et financières. Et c'est là que le bât blesse, car peu d'hommes sont spécialisés dans le domaine des changements climatiques et les fonds financiers se résument à une peau de chagrin. Le ministre A. Messahel, délégué aux Affaires maghrébines et africaines, le rappelle et souligne qu'il importe à l'Afrique de dégager les capacités les mieux à même de lui donner les armes pour négocier. Car, l'objectif est de taille : il s'agit de rappeler aux pays industrialisés et pollueurs qu'il leur incombe de réparer les dégâts occasionnés par eux sur la planète. L'industrialisation galopante qu'ont traversée l'Europe et les Etats-Unis a déséquilibré l'atmosphère chargée en pollution, asséchant une partie de la planète, inondant une autre. Ces bouleversements que l'Afrique vit de plain-pied alors qu'elle « représente 14% de la population mondiale et qu'elle n'a contribué qu'à hauteur de 3,5% du total des émissions de gaz à effet de serre », comme le souligne M. Bouteflika dans son discours lu par M. Belkhadem, la placent dans une position vulnérable. D'où la nécessité de convertir les ambitions, réunir les forces et dégager une plus grande visibilité. Cherif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme a annoncé qu'une vingtaine de jeunes cadres sont formés sur les changements climatiques afin de donner les moyens à la négociation. Des négociations prévues prochainement à Poznan et en 2009 à Copenhague. « Les financements pour assister les pays du Tiers-Monde, et notamment l'Afrique, pour entreprendre des plans d'adaptation sont peu satisfaisants (…) Les questions relatives au transfert de technologie n'ont toujours pas trouvé de réponses adéquates », est-il spécifié dans l'allocution du président de la République. Des propos repris par M. Rahmani qui souligne que les fonds sont quasi inexistants et qu'il appartient aux pays pollueurs aujourd'hui d'être en phase avec les responsabilités que le plan de Bali leur impute. Cependant, ce qu'ont l'air de craindre les participants à la conférence d'Alger consiste davantage en une levée de boucliers du côté des pays industrialisés que l'absence d'entente entre les pays composant le continent africain. En l'état actuel des choses, les bouleversements climatiques semblent avoir été rattrapés par la crise financière qui rend timide toute initiative internationale. De quelles garanties dispose l'Afrique pour ne pas voir infléchir la volonté des pays industrialisés à réduire leurs émissions quitte à rétribuer les pays non émetteurs ? Le sénateur Obama devant entrer dans ses fonctions présidentielles le 20 janvier 2009 a promis de faire de la question des changements climatiques une affaire personnelle. La promesse d'engagement des Etats-Unis à réduire leurs émissions au même taux qu'ils produisaient en 1990 n'est pas que du discours de candidat à la présidence américaine. Obama est un allié de l'environnement, souligne le secrétaire exécutif de la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Yvo De Boer. Et de rassurer quant à la dernière réunion du G20 et durant laquelle les pays se sont entendus à ne pas relâcher leurs efforts quant à la lutte contre le réchauffement climatique.