L'association El Moudja qu'abrite le théâtre Osmane Fethi de Salamandre depuis sa création en 1978 commence à voir grand. En effet, grâce à une aide conséquente de l'Union européenne (UE), d'un montant de 380 millions de centimes, cette association devrait prendre un sérieux envol. Mais avec l'arrivée de l'argent, apparaîtront des convoitises qui finiront par disloquer la petite équipe qu'animaient, conjointement et en totale harmonie, Abderrahmane Mostéfa et Med Boudjemaa. Alors que, pendant les années de disette, ses nombreux amis finiront par la quitter, sitôt la manne annoncée beaucoup de candidats feront valoir leurs prétentions. Le vieux projet de création d'une école de théâtre venait à peine d'aboutir que des dissensions feront leur apparition. Face aux contraintes du cahier des charges, le président de l'association, Abderrahmane Mostéfa, qui devait naturellement devenir directeur du projet, déclinera l'offre de peur de ne pouvoir réunir les conditions matérielles indispensables à l'exécution du projet. Notamment en raison des faibles moyens financiers et humains dont disposait l'association. Ensuite, il fallait s'en tenir au cahier des charges élaboré par l'UE et que l'Unité de gestion des projets (UGP) était chargée d'en superviser l'exécution. La principale contrainte qui fera reculer le président d'El Moudja est incontestablement celle relative à l'apport financier dont devait s'acquitter l'association afin de bénéficier du précieux concours de l'UE. Son association, malgré un plan de travail digne d'une entité économique, ne recevait que quelques épisodiques et parcimonieuses subventions. Traînant une vieille ardoise auprès de Sonelgaz et n'émargeant que très rarement sur les tablettes de l'administration locale, ses maigres ressources lui permettaient à peine d'acquitter certaines dépenses de fonctionnement. Or, pour bénéficier de l'argent européen, il fallait obligatoirement disposer de 800 000 DA d'apport personnel alors que les caisses d'El Moudja étaient désespérément vides. Confrontés aux doutes du président, des membres de l'association organiseront une AG à laquelle ce dernier ne participera pas. Un nouveau président est alors désigné et la première tranche du financement est libérée par l'UGP. Entre-temps, grâce à la collaboration avec l'université, les stages destinés aux élèves de la spécialité « théâtre » seront intégrés au programme de travail. Rapidement, les contreparties financières - prélevées de la subvention de l'UGP -, relatives à cette activité, sont distribuées à l'ensemble des encadreurs. C'est ainsi que pas moins de 20 millions de centimes trouveront acquéreurs parmi des enseignants universitaires et des membres actifs d'El Moudja. C'est ainsi que, durant sa première année d'exécution, le projet enregistrait la formation pratique de 80 étudiants. L'UGP, pour ne pas bloquer le démarrage du projet, aurait fait une entorse au cahier des charges. En effet, au titre de la première tranche, El Moudja devait faire un apport en fonds propres à hauteur de 20 millions de centimes. Une somme qu'elle n'est toujours pas en mesure d'honorer. Ce qui devait entraîner de facto l'arrêt du projet et, probablement, la restitution des sommes déjà versées par l'UE. Devant cette terrible perspective, les sociétaires sonneront le rappel des troupes. Rapidement, une nouvelle AG est organisée en présence des membres fondateurs et d'amis fidèles qui avaient déserté l'association. Suite à quoi un nouveau bureau est élu. Il désigne un président et trace un programme de travail afin de sauvegarder l'acquis et d'éviter, comme le soulignera cet ancien acteur, la bérézina qui guettait l'association. Avec pas moins de trois productions, El Moudja pourrait faire rentrer de l'argent frais, à la condition que les salles de spectacles lui soient ouvertes. Par ailleurs, le recouvrement d'une facture auprès du partenaire universitaire ainsi que l'aide de 50 000 DA que vient de leur octroyer l'APC de Mostaganem devraient permettre un rééquilibrage précaire des finances. Ce qui devrait sauver El Moudja d'un naufrage programmé.