Quarante ans sont passés de la convention à la déclaration. Le 15 septembre 1968, 6 ans à peine après l'indépendance de l'Algérie dont les Affaires étrangères sont conduites par un fringant ministre, aujourd'hui chef de l'Etat, les Etats membres de l'OUA adoptent la convention africaine de la nature et des ressources naturelles dite La Convention d'Alger. Elle prend effet en force dès le 16 juin 1969 et depuis son adoption en 2003 à Maputo (Mozambique) dans sa version revue et actualisée, elle n'accepte plus d'adhésion. Elle vise la conservation et l'utilisation rationnelle (déjà !) des ressources en eau, en sol, en faune et en flore. Le néologisme « biodiversité » n'existait pas encore ; il fera son apparition en 1980 et le grand public ne le découvrira qu'après le sommet de la Terre de Rio en 1992. La Convention d'Alger recommande aux Etats membres de prendre les mesures nécessaires pour conserver et améliorer le sol, prévenir la pollution et pour l'utilisation rationnelle de l'eau, protéger la faune et la flore en gérant leurs habitats et de créer pour cela des aires protégées comme les parcs nationaux et les réserves… Aujourd'hui, des pays africains, forts de la Convention d'Alger, ont misé depuis sur la protection de la nature en créant des parcs et des réserves qui assurent une grande part de leurs revenus nationaux. La protection de la nature a valu au Kenya, l'un des pays les plus avancés dans ce registre, un prix Nobel de la paix attribué en 2004 à la militante pour la nature, Wangari Maathai, 64 ans, qui s'est dévouée pour cette cause qui a enclenché le développement de son pays qui reçoit chaque année un million et demi de touristes pour un revenu estimé à un milliard de dollars, certes controversé quant à sa redistribution aux communautés riveraines des parcs. On peut encore citer l'Afrique du Sud, la Namibie, le Botswana, la Zambie, la Tanzanie qui ont bien compris l'avantage de respecter des normes élevées de gestion de l'environnement selon un rapport de la Banque mondiale, qui souligne une croissance exceptionnelle, 10,5%, pour ce secteur. La conférence d'Alger sur les changements climatiques, qui s'est tenue le 20 novembre à l'hôtel El Aurassi avec les ministres africains de l'Environnement, a adopté la Déclaration d'Alger, document qui servira de base aux pays d'Afrique pour les futures négociations sur le climat en décembre à Postdam, en Pologne, puis à Copenhague. Elle appelle les pays développés à tenir leurs engagements et « la prise en compte des préoccupations de notre continent ». Dans ce registre, elle souligne particulièrement la sauvegarde de la biodiversité. Dans son discours aux participants, le président Bouteflika a déclaré « les intérêts à court terme, la conscience de l'urgence d'agir, consacrant encore la primauté des égoïsmes des groupes, au détriment d'une véritable solidarité à l'échelle mondiale, au bénéfice de la planète des générations futures ». Ceci confirme ses préoccupations environnementales affichées sur la conservation de la biodiversité qu'il a tenu à faire connaître au ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, lorsqu'il le recevait en audience le 21 septembre 2008 pour lui dire « de garder constamment à l'esprit l'impérieuse nécessité de préserver l'environnement et le patrimoine écologique du pays ». Comment doit-on alors comprendre que ce patrimoine naturel à El Kala, aussi précieux sinon plus que ceux, culturels, de Timgad, Djemila ou Cherchell, soit mis en danger de mort par une autoroute ? Elle aurait pu éviter de le faire sans grand dommage en appliquant le principe de substitution consacré par notre loi sur l'environnement et le développement durable qui impose aux pouvoirs publics d'opter pour la solution la plus contraignante, si celle-ci est à l'avantage de la protection de l'environnement. Sinon, à quoi pourraient bien servir ces lois, ces traités, ces conventions, ces dizaines de rencontres, s'ils sont suivis de déclarations qui nous impliquent par le nom qu'elles portent, mais sans lendemain chez nous.