Le saccage, à la fin de semaine, de la maison de jeunes, située au quartier Kelouaz dans le site de Cherarba, n'est que l'arbre qui cache la forêt. Une trentaine de jeunes chômeurs ont endommagé 11 micro-ordinateurs et 2 téléviseurs et détruit des documents administratifs, selon les services de sécurité. L'acte jugé criminel a fait aussitôt l'objet une enquête. Depuis le recensement, en mars dernier, des 700 chômeurs au niveau du quartier de Cherarba, « on sentait leur insatisfaction », relève le P/APC. Aussi, Les élus n'ont pas dissimulé leurs appréhensions quant à la dégradation de la situation de plus de 15 000 familles démunies, relevées lors du recensement des sites précaires dans la ville des Eucalyptus. La précarité est visible partout. Pour les petits commerçants exerçant près de la ruelle Zouaoui, l'unique parcelle à être revêtue il y a deux ans, « les dernières pluies ont gravement détérioré les routes de Cherarba à tel point que l'accès est devenu difficile pour les piétons ». La rue Kelouaz, où habitent les auteurs de l'acte, est le pire exemple de cette déplorable situation. « Mais cela ne peut en aucun cas justifier le saccage d'une infrastructure publique », assure M. Chir, le P/APC des Eucalyptus qui dit aussi « avoir inscrit des opérations de réhabilitation de nombreux sites et qu'il continue d'œuvrer avec les autorités de la wilaya déléguée de Baraki afin de concrétiser les initiatives d'emploi ». Les propos des citoyens, notamment ceux de jeunes rencontrés, affirment que le taux de chômage ne cesse d'augmenter. « Beaucoup de nos familles ne trouvent pas de quoi manger », ose se plaindre le boulanger situé à l'entrée de la rue menant vers le site de Zitoune. Ce dernier compte, en plus 4 autres sites avoisinants, des bidonvilles à éradiquer au niveau de ce grand centre de concentration démographique connu de Cherarba. « La localité est synonyme de tous les maux allant de la pauvreté jusqu'à la drogue », ajoute un ingénieur récemment diplômé. A l'exception des fonctions publiques soumises à des conditions contraignantes, notre interlocuteur ne voit pas l'utilité de louer un local pour exercer, comme bien d'autres, l'entretien des portables. « C'est une occupation non rentable, qui a été pratiquée ces dernières années suite à l'ouverture de l'Institut national des technologies de l'information et de la communication à la ville des Eucalyptus », souligne-t-il. En réalité, plusieurs locaux de maintenance sont aujourd'hui fermés à travers les ruelles des quartiers populaires. D'autres ont changé d'activité en optant pour les taxiphones. « C'est beaucoup plus sollicité », fait remarquer un postier en retraite. Le service social de l'APC avance d'inquiétants chiffres en parlant des demandes d'emploi déposées ces derniers mois. « Cependant, les chances de les caser semblent, à ce jour, rares », estime un élu local. Certes, les répercussions de cette situation préoccupent tant les parents que les responsables locaux. La multiplication, ces dernières semaines, de vols et d'agressions physiques augure du regain de l'insécurité ayant prévalu bien avant dans les quatre coins de ce misérable quartier de Cherarba.