Artisart ou « Chadi, Madi : Artisanat ou art ? », tel est le titre de l'exposition originale de Farah Laddi. Diplômée de l'Ismal en écologie marine au laboratoire de benthologie, Farah Laddi est passionnée. Elle était connue jusque-là, pour ses spectacles de déclamation poétique hebdomadaire, dans une librairie de la capitale. Aujourd'hui, elle exhibe une autre facette de sa personnalité, en l'occurrence, la maîtrise de la peinture sous-verre. Elle a découvert l'univers de la palette en 2002, année où elle exerçait en tant que décoratrice dans un atelier d'artisanat d'Alger. Elle y restera deux années, car il n'y avait aucune reconnaissance de ses œuvres. En 2005, elle intègre la galerie Art en Liberté en qualité d'assistante de direction. Un lieu qui lui a permis de côtoyer des artistes peintres et d'aiguiser davantage son don. L'exposition en question regroupe un ensemble de trente-trois œuvres de petits formats. Farah utilise la technique de la peinture sous-verre. Selon elle, passer de la fusion du verre à la peinture sous-verre constitue une démarche presque opposée. Si la première technique est un travail à chaud, la deuxième se fait à froid. L'artiste est convaincue que les deux démarches sont complémentaires pour la paix de son âme et l'apaisement de ses doigts à la recherche du façonnage. Travaillant uniquement avec le doigt, elle arrive, cependant, à cerner les reliefs. Travailler le verre est un besoin vital. « Le défi du matériau, la découverte d'une technique sans la moindre formation permettent de créer mes propres solutions techniques comme un vrai laboratoire d'océanographie, pour ensuite proposer ma propre démarche esthétique. » L'inspiration lui demande beaucoup de temps, contrairement à l'œuvre qui est aisée à réaliser. C'est parce que les œuvres artistiques sont indissociables de la littérature que Farah invite les visiteurs à découvrir un montage. En effet, l'ensemble des œuvres accrochées aux cimaises sont accompagnées des titres de livres. A même le sol, sur des carrés en toile de jute, sont posés des livres pluridisciplinaires... et des bougies. A travers cette mise en scène originale, l'artiste a voulu promouvoir la lecture contemporaine algérienne. « Lire avec les moyens du bord donne naissance à cette élévation vers un art bien réfléchi. » Un hommage posthume a été rendu à des figures de proue de la peinture algérienne, à savoir, Mohamed Khadda et Baya Mahiéddine... et à un artiste tunisien, Assâd Métoui. Ses tableaux qui sont en fait des reproductions sont réhaussés par deux versions d'études artistiques. « C'est un clin d'œil à ces artistes qui ont donné le vrai art abstrait algérien. J'adore les réflexions de Mohamed Khadda. Je me suis imprégnée de sa pensée pour justement promouvoir le travail algérien. Mon rêve est de trouver un vitrail de Baya », lance-t-elle. Il est à noter que lors du vernissage de son exposition, mercredi dernier, Farah Laddi, a déclamé des poèmes de Messaour Boulanouar, et ce, sous des morceaux musicaux du chanteur châabi Amar Ezzahi.