Le cafouillage dans lequel a été opérée la privatisation de l'Entreprise de distribution des matériaux de construction (Edimco) suscite encore des interrogations, particulièrement après le licenciement et la non-indemnisation de 15 travailleurs qui se sont retrouvés, depuis, au chômage forcé. Batna : De notre correspondant La privatisation de cette entreprise a été effectuée en application de la décision du gouvernement relative à la privatisation ou au redéploiement des activités de toutes les Edimco. Celle de Batna est entrée en fusion avec la Société d'électrification rurale et urbaine (Serub) suite à la résolution du Conseil de participations de l'Etat (CPE), n° 07/78 du 30 juillet 2007, qui a opté en faveur de cette dernière, jugée la mieux équilibrée en comparaison avec les autres entreprises publiques. La vente de l'Edimco, début mars dernier, au privé Eurl Seraoui (pour l'importation des matériaux de construction et de l'ameublement), se soldera aussitôt par le licenciement des 15 travailleurs par la Serub à compter du 1er avril 2008, en assurant uniquement leur prise en charge jusqu'au 31 mars 2008. Ces derniers seront alors transférés à l'Eurl Seraoui qui consentira à leur maintien en poste et les affectera selon les besoins de l'entreprise. Il s'agit en fait d'un accord conclu avec la Société de gestion des participations (SGP) Est/Sud-Est de Annaba. Mais le 6 avril 2008, les salariés licenciés seront surpris de recevoir chacun une décision de fin de maintien au poste de travail par l'acquéreur, au motif de « refus d'entreprendre le travail ». Une telle décision qui s'entend par un deuxième licenciement dont ont fait l'objet les 15 employés de l'ex-Edimco, est selon ces derniers, « dénuée de tout fondement », puisqu'ils affirment s'être présentés à l'entreprise le 1er avril pour s'entretenir avec le nouveau propriétaire qui leur a donné, assurent-ils également, « son accord de principe pour la préservation de leurs droits ». Ceci dit, l'Eurl Seraoui a ouvertement violé les clauses du contrat avec la SGP ; il en serait tout autant de la Serub, bien qu'elle doive préserver les droits acquis des travailleurs selon les résolutions de l'assemblée générale extraordinaire (Agex) du 6 novembre 2007. Notons qu'une vingtaine de travailleurs exerçant au niveau des dépôts des localités de Barika, Merouana, Arris et Aïn Touta de l'ex-Edimco, transférés au profit de la direction des Domaines après la vente de l'Edimco, ont bénéficié, quant à eux, d'une indemnisation dite de départ volontaire et ont été repris par les services de cette même administration. Par ailleurs, l'Edimco a été cédée à un prix dérisoire de 160 millions de dinars (MDA) pour un capital de 270 MDA. Le principal négociateur au nom de l'acquéreur de l'entreprise était l'ex-PDG Aïssa Mezaâche, qui avait été relevé de ses fonctions en 2004. Selon ces mêmes travailleurs, cet « ex-responsable a soumissionné au nom de Seraoui durant son mandat en tant que PDG de l'ex-Edimco, pour un montant de 230 MDA, soit la valeur d'une partie du site ». Aujourd'hui, le site de l'entreprise privatisée ne connaît encore aucune activité. Selon des indiscrétions, il aurait servi comme salle des fêtes de mariage ! Interrogé à ce sujet, Mohamed Tahar Benini, PDG de la Serub, assure que « les 15 travailleurs n'ont pas été licenciés, mais plutôt transférés à la société privée Seraoui qui doit les maintenir en poste et les indemniser conformément à la résolution du CPE ». Estimant avoir appliqué ladite résolution, ce responsable souligne que l'action en justice engagée par ces travailleurs contre la Serub n'est qu'une perte de temps pour ces derniers, qui devraient plutôt déposer plainte contre l'Eurl Seraoui pour les avoir arnaqués. L'on apprend du PDG que le président du holding de Biskra avait saisi l'acquéreur et l'a sommé de respecter la résolution du CPE. « Cette première mise en demeure sera suivie d'une autre », dira M. Benini, en ajoutant que dans le cas où l'acheteur ne réagirait pas, l'Etat a toutes les prérogatives pour procéder à l'annulation de la vente. Dans ce cas de figure, « la Serub peut récupérer le site et, de ce fait, indemniser les 15 travailleurs et également les reconduire dans leurs postes de travail », a-t-il précisé.