La nouvelle année s'ouvre sous de mauvais auspices pour le marché automobile. Pour cause : la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (Cnep Banque) a décidé d'abandonner la formule crédit auto. La direction générale de la banque a adressé, hier, une correspondance à tous les concessionnaires automobiles les informant de la résiliation des conventions, et ce, à compter du 1er mars 2005. N'acceptant plus aucune demande, la Cnep continuera toutefois durant ces deux mois à traiter les dossiers pour lesquels elle s'est déjà engagée. Son renoncement à la commercialisation du produit automobile se justifie par la « saturation ». « Il s'agit d'une nouvelle organisation de la politique de crédit. La Cnep entend se concentrer sur sa vocation initiale qui est le crédit immobilier », explique M. Bounoua, le responsable de son service marketing. Il n'exclut toutefois pas un retour à ce type de crédits dans quelques années. Depuis l'entrée en vigueur de cette formule, en septembre 2001, la Cnep a octroyé 56 000 crédits, avec des contentieux tournant autour de 1%, soit la moitié de la norme internationale. Des facilités ayant permis de booster le marché automobile en Algérie, mais qui semblent de plus en plus difficiles à supporter pour la banque. Son retrait de ce marché, en pleine explosion, était de fait prévisible. Le ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou, avait, lors de la conférence du Club Excellence Management, tenue en novembre dernier, exhorté la Cnep à revenir à sa vocation initiale, d'autant que le goulot de l'immobilier ne parvient toujours pas à être desserré. Même si elle n'était pas seule sur ce créneau - la Société générale, le Crédit Populaire d'Algérie, Al Baraka Bank, The Housing Bank for Trade and Finance, proposent également cette formule -, la Cnep avait l'avantage d'offrir les taux d'intérêt les plus bas du marché (6,5% pour les épargnants et 7,75% pour les non épargnants), sans compter sa large représentation à l'échelle nationale. Ils s'élèvent en général à 8, 5% chez ses concurrentes. Surpris par la mesure restrictive de la Cnep, les concessionnaires, quant à eux, « pestent ». Même s'ils reconnaissent le mérite de cette institution financière dans l'essor du marché automobile. « C'est bien dommage ! Car nous supposons que cela va se répercuter négativement sur les ventes », estime M. Mahdjoub, directeur de la communication à Renault-Algérie. Durant l'année 2004, les véhicules de marque Renault se sont vendus à plus de 21 000 exemplaires, dont plus de 30% par crédit. Le lion de Peugeot rugit également. Pensant qu'il s'agit d'une mesure « provisoire », les concessionnaires de la marque française tentaient hier d'entrer en contact avec les responsables de la banque pour plus d'informations. Sur un réseau national de douze points de vente, quatre seulement ont été destinataires de la lettre de résiliation de la convention. « Que voulez-vous que je vous dise ? La vente par crédit est importante. Elle varie, chez nous, entre 15 et 20% », se contente de déclarer M. Bakki, le directeur commercial. Le pessimisme est encore plus grand chez BS Distribution, le représentant d'intérêts koweïtiens, chinois et iraniens, où les ventes par crédit s'élèvent à 65%. « C'est bien dommage que la Cnep nous quitte au moment où la demande est de plus en plus importante. Cela dit, nous lui rendons quand même hommage pour avoir redynamisé le marché automobile », indique M. Soufi. Les concessionnaires devraient désormais s'orienter vers d'autres institutions financières, dont ils espèrent des taux d'intérêt plus avantageux. A défaut, ils craignent de voir leurs ventes diminuer, alors que les consommateurs appréhendent une flambée des prix de l'automobile, déjà en hausse depuis l'appréciation de l'euro par rapport au dollar.