Après vingt-huit mois de « suspension », la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (Cnep Banque) a décidé de reprendre le crédit automobile. Les premiers clients seront servis dès la fin de ce mois de juillet, a révélé hier son président-directeur général, Djamel Bessa, à l'occasion d'une conférence de presse. Avant même d'être interrogé, le premier responsable de la Cnep Banque est revenu sur la genèse et la polémique ayant accompagné l'arrêt subit de cette formule en mars 2005. D'un revers de la main, il démentira les rumeurs selon lesquelles le produit aurait été suspendu par décision « politique » pour permettre à de nouveaux entrants d'accaparer le marché. « Nous n'avons reçu d'injonctions d'aucune partie pour céder le marché à quiconque », a-t-il affirmé. Et au PDG de cette banque publique de poursuivre : « Nous étions sortis du marché pour des questions de stratégie. » Dans son argumentaire, M. Bessa met en avant la nécessité ressentie de « réadapter la politique commerciale de la banque ». Face au flux des clients, la Cnep Banque n'arrivait pas et n'avait pas l'organisation adéquate pour satisfaire l'ensemble de la demande. « Les agences qui fournissaient ce crédit étaient arrivées à saturation », selon M. Bessa. C'est ainsi, ajoute le conférencier, que la banque s'était mise à la réorganisation de ses agences, la densification du réseau, la création de nouveaux métiers ainsi que la réalisation d'un programme de formation des agents. Actuellement, le réseau d'exploitation de la banque compte 206 agences avec prévision d'atteindre 210 avant la fin de l'année en cours. « Ce travail a été accompli dans le but de revenir avec un service qui puisse être le même pour tous nos clients sur l'ensemble du territoire national », précise encore le PDG de la Cnep Banque. L'autre aspect expliquant la suspension du produit a trait à la nécessité de recentrer la banque sur le cœur de son métier, en l'occurrence le crédit hypothécaire. M. Bessa dira à ce sujet que le pari a été réussi puisque aujourd'hui l'évolution est de 200%. Par ailleurs, la banque n'avait pas, à l'époque de l'arrêt du crédit auto, de problèmes de recouvrement. Sur les 35 milliards de dinars d'engagements représentant 70 500 dossiers, le non-recouvrement était de l'ordre de 4% en moyenne. Pour se prémunir contre les mauvais payeurs, la banque a exclu dans la nouvelle formule les règlements des mensualités en espèces. Ce sera par des prélèvements ou virements automatiques. La nouvelle offre est destinée à toute personne physique désireuse d'acquérir un véhicule de tourisme neuf auprès des concessionnaires agréés, a expliqué le DG adjoint chargé du crédit aux particuliers à la Cnep Banque, M. Messaoudi. La part de financement de la Cnep dépendra du prix d'acquisition du véhicule, tandis que les taux d'intérêt varieront en fonction du délai de remboursement et selon la qualité du demandeur du crédit, s'il est épargnant ou non. Les taux d'intérêt débiteur sont fixés, selon les cas, entre 6,75% et 7,75% par an et l'âge limite est fixé à 65 ans. La quotité de financement peut atteindre les 90% pour les véhicules dont les prix oscillent entre 500 000 et 2 millions de dinars. En dessous ou au-delà de cette fourchette, la banque prend le risque à 50%. Quant aux conventions avec les concessionnaires, elles seront signées cette semaine, s'engage le premier responsable de la banque publique. Disposant d'un portefeuille de sept millions de clients dont 72% issus de la couche moyenne, la Cnep Banque dit privilégier ce segment sans pour autant exclure le reste du marché. En termes d'objectifs, la Cnep Banque vise à reprendre sa place de leader. « Nous tablons sur 10 000 crédits au terme de l'année en cours. A plus long terme, nous visons 70% du marché », a indiqué M. Bessa au terme de la conférence.