Cette soirée fera à coup sur « jazzer » le public pour quelques jours encore. Franck Amsallem s'est produit avec son trio sur la scène de la salle Ibn Zeydoun de l'Oref, jeudi dernier. Oranais de naissance, Amsallem a quitté l'Algérie, souligne-t-il, en juillet 1962. Il n'y est retourné que 46 ans après, à l'occasion de la tournée qu'organise le Centre culturel français d'Alger (CCF). « J'espère ne pas rester 46 ans pour revenir au pays », assure un tantinet plaisantin le pianiste, qui s'est déjà produit au Festival d'Essaouira au Maroc, mais jamais dans le pays où il est né en 1961. Au piano, le Français a joué des compositions de son cru et celles de son invité, le saxophoniste Rick Margitza, rencontré aux Etats-Unis, où il est resté 20 ans avant de renter en France. Dans la lignée des Tzigane, groupe auquel il appartient, le saxophoniste s'est toujours frayé un chemin parmi les grands de la musique jazz, parmi lesquels Miles Davis qui s'est « distingué, relèvent d'autres jazzmen, par sa capacité à découvrir et à s'entourer de nouveaux talents ». Margitza, le tzigane, qui se différencie de ses pairs jazzmen par une grande sensibilité musicale, en est le « digne héritier ». Franck Amsallem, qui a intégré des groupes, saura faire corps avec son trio composé de musiciens venus de plusieurs pays et qui ont des influences musicales variées. Karl Jannuska, batteur canadien, a fait vibrer la salle sans ménage. Et sans rechigner, il terminera la soirée avec une musique de sa composition. Le Canadien, venu de la lointaine Manitoba, a une réelle maîtrise de son instrument, et l'influence du batteur culte Elvin Jones y est apparente. A la contrebasse, le Marseillais Sylvain Romanos, n'a pas aussi démérité. L'invité saxophoniste, Rick Margitza, saura faire corps avec le reste du groupe en rehaussant le rythme. Il apporte ainsi une touche particulière au reste du groupe et il suffit qu'il s'y intègre pour « faire tressaillir » le public ravi par la multiplicité et la versatilité des sons. Le tempo, plus poussé et rapide au début, sera moins effréné à la fin, mais le batteur, qui s'est « isolé » par moment, rappellera au public nombreux un jazz venu d'un pays où il a longtemps accompagné la population noire. Faisant ses classes aux Etats-Unis, le trio Amsallem retrouvera le Nouveau Monde, avec en prime de nouvelles sonorités sans pour autant que les influences acquises ne disparaissent. La musique tirée de l'album Out A Day, enregistré avec Gary Peacock et Bill Steawart, nous rappelle un jazz plus raffiné, « soutenu » par des musiciens que l'« Oranais » a rencontré pendant ses 20 années d'apprentissage et de « métissage » en Amérique. « Ouah », M. Franck ! Mais au fait, à quand un album jazz-raï ?