Nous sommes les oubliés d'El Harrouch, les morts-vivants de la commune, on ne se rappelle de notre existence que lors des enterrements de personnalités publiques, le cimetière étant implanté ici : aucun élu n'est venu s'enquérir de notre situation sauf bien sûr lors des campagnes électorales ! « C'est en ses termes que se sont exprimés plusieurs jeunes et moins jeunes du quartier Bir Es stal, situé sur les hauteurs d'El Harrouch. Alors que les habitants du centre- ville jouissent de presque toutes les commodités indispensables à la vie quotidienne, ceux de Bir Stal, vivent dans une autre époque. Une époque qu'on croyait révolue. Aucun aménagement urbain, des habitations précaires, pas d'alimentation en gaz de ville, pas d'éclairage public ou transport scolaire, et bien d'autres carences. Le seul point positif enregistré dans les lieux est l'amenée d'eau potable. En effet, depuis deux mois, un réseau AEP a été réalisé et alimente quotidiennement la population ; une action qui a mis fin à un calvaire qui aura duré des décennies, au cours desquelles les citoyens transportaient l'eau à dos de mulet. Leurs souffrances n'ont pas cessé pour autant, surtout au vu du mauvais état des routes qui les prive du transport, obligeant les collégiens et lycéens à faire chaque jour 3 km à pied pour rejoindre leurs établissements. « C'est surtout en hiver que la situation devient plus dure, notamment pour les filles », dira un père de famille. Le maire d'El Harrouch tiendra cependant à faire savoir que « le quartier devrait bénéficier de travaux pour l'amélioration urbaine, et qu'une enveloppe assez conséquente à été allouée pour sa viabilisation ». Et d'ajouter : « Tant que les réseaux d'assainissement n'ont pas été réalisés on ne peu effectuer des travaux d'aménagement ». Il n'en demeure pas moins que beaucoup de déficiences sont évoquées par les habitants : « Nous vivons dans des favelas, privés de gaz de ville, alors que le réseau passe par notre quartier et alimente d'autres localités. Nos espoirs de bénéficier un jour d'un toit décent se sont évaporés ; nous ne pouvons pas bénéficier du logement social et encore moins du rural ; on n'a pas cessé de nous mener en bateau car lorsque nous présentons nos demandes pour le logement social on nous oriente plutôt vers le rural, mais la réponse inverse nous est à chaque fois donnée quand on postule pour le logement rural. Nous ne savons plus quoi faire ! » Pour le moment, les citoyens doivent se contenter du réseau AEP en attendant des jours meilleurs.