Cinq femmes sur 1 000, soit 0,53 % des femmes enceintes à Annaba sont séropositives (porteuses du virus du sida). C'est le résultat « alarmant » auquel sont arrivés les spécialistes du service des maladies infectieuses de l'hôpital Dorban, au terme d'une enquête récemment réalisée. Selon ces derniers, l'enquête a été effectuée auprès de femmes enceintes, le meilleur indicateur sur la population générale pour estimer la séroprévalence dans la wilaya. « Les résultats sont effrayants. La sonnette d'alarme doit être tirée. On ne s'attendait nullement à pareils résultats. Certes l'épidémie a évolué mais pas à de telles proportions », dira le Pr. Laouar, spécialiste en maladies infectieuses. L'enquête en question a ciblé 3 032 femmes sur une moyenne de 15 000 à 20 000 accouchements /an. Sur les 3 032 prélèvements, 16 cas de séropositivité ont été diagnostiqués, soit un taux de 0,53 %. Ce qui dénote, d'après les mêmes spécialistes, que la maladie est concentrée puisque le taux d'épidémiologie dépasse les 0,1 %. « Nous allons vers une épidémie généralisée incontrôlable, des moyens colossaux doivent être mis en œuvre en toute urgence pour contrecarrer ce phénomène ; il faut savoir que lorsque le taux de séropositivité au sein de la population générale est inférieur à 1 %, l'épidémie est concentrée, supérieur ou égal à 1 %, l'épidémie est généralisée », a indiqué un membre de l'association Anis de lutte contre le Sida. Pour lui, ces résultats ont permis d'évaluer entre 1 000 à 2 000 le nombre de personnes porteuses (sans le savoir) du VIH. Par ailleurs, le Pr. Laouar continuera dans ce sens : « Les estimations à Annaba sont alarmantes quand on sait que 1 000 à 2 000 personnes sont porteuses du VIH sans le savoir. C'est au bout de 7 à 10 ans, quand elles auront développé la maladie, qu'elles le sauront. Il faut savoir que du premier jour de contamination à 10 ans plus tard, c'est la période asymptomatique (aucun signe de la maladie). Au bout de la 10e année, commencent alors à se manifester certains cancers (lymphome) et les infections opportunistes, qui sont graves, peu sensibles aux traitements, invalidantes et répétitives ». Cette enquête a fait également ressortir une tendance à la féminisation de la maladie, avec comme première source de contamination l'infidélité conjugale. Les modes de contamination les plus fréquents sont les rapports hétérosexuels ; 87% des femmes touchées ont entre 25 et 40 ans. En outre, des études similaires, effectuées en 2004 à Tamanrasset et Oran, ont permis de relever des taux de séropositivité respectifs de 0,70 et 0,25 %. Avec 0,53% de séropositivité, Annaba est classée parmi les wilayas les plus touchées après Tamanrasset et Alger. De ce fait, une grande partie de la population commence sérieusement à prendre conscience de la maladie et de ses dangers, preuve en est la tendance aux dépistages volontaires (DV), sachant qu'il y a quelques années, Annaba était classée en tête de liste en terme de DV avec 1 162 tests de dépistage enregistrés contre seulement 400 à Alger. « Nous avons pu constater une hausse de plus en plus sensible des dépistages volontaires à Annaba ; c'est une bonne chose, la prise de conscience sur la menace que constitue la maladie se fait de plus en plus sentir », a conclu le professeur Laouar.