Une opération menée avec « méthode et patience » durant plusieurs mois par les services de sécurité et l'ANP a abouti au « démantèlement quasi total du GIA », a indiqué hier le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales dans un communiqué. L'« émir » national du Groupe islamique armé (GIA), le nommé Boudiafi Noureddine, alias Noureddine RPG, dit Hakim, a été arrêté par les services de sécurité et « plusieurs réseaux de cette organisation ont été démantelés », précise-t-on. « L'opération, qui a débuté le 5 novembre 2004 à 18h05 au niveau de Bab Ezzouar, Alger, a permis également la neutralisation du terroriste recherché Guechniti Redouane, alias Chouaïb, Mossaâb et El Hadj, l'un des principaux animateurs du GIA », ajoute la même source. Dans le prolongement de l'enquête, relève-t-on encore, il a été procédé à l'arrestation d'une « douzaine d'éléments de soutien et d'autres terroristes non recherchés activant dans la capitale et sa périphérie, (et) tous leurs lieux de refuge ont été investis par les officiers de la police judiciaire et scellés par la justice ». Le communiqué fait état également de la saisie de « tous les véhicules utilisés par les terroristes » ainsi qu'« une quantité d'or volée lors des massacres perpétrés contre les populations de Raïs, Bentalha, Had Chekala et Ténès », et tout cela versé au dossier judiciaire des prévenus. Au terme de la garde à vue prévue par la loi, les mis en cause ont été présentés par-devant le parquet d'Alger et placés par le juge d'instruction sous mandat de dépôt pour, notamment, « activité terroriste et assassinat de citoyens ». En outre, le terroriste Chaâbane Younès dit Lyès, « fraîchement intronisé à la tête du GIA », a été abattu par les services de sécurité le 1er décembre 2004 au niveau de la ville de Chlef, a ajouté le communiqué, précisant que ce dernier « avait refusé d'obtempérer aux injonctions des éléments des services de sécurité désignés pour l'arrêter ». Ce terroriste, selon la même source, avait « commandité et dirigé personnellement tous les massacres perpétrés entre 1999 et 2003 contre les populations civiles des différentes régions de l'ouest du pays ». Son accompagnateur, Benziane Mohamed dit Abou Bakr, précise-t-on, « a été arrêté et son arme saisie ». 250 armes récupérées L'audition des criminels arrêtés a permis, souligne-t-on, de « situer les lieux où les membres de cette organisation avaient dissimulé des armes ». Les opérations menées par les officiers de la police judiciaire et les forces de l'ANP ont permis la récupération « de plus de 250 armes de différents types à travers plusieurs régions de la Mitidja et de Chlef », précise le communiqué. Ces armes font l'objet actuellement d'une expertise balistique en vue de situer les actes et crimes pendant lesquels elles ont été utilisées, indique-t-on. « Les pièces saisies lors des différentes perquisitions ont permis l'avancement d'autres enquêtes ouvertes auparavant, notamment, des actes d'assassinat perpétrés en novembre 2004 à Larbaâ (wilaya de Blida) et Khemis Miliana (wilaya de Aïn Defla) », ajoute le communiqué du ministère de l'Intérieur précisant que des objets volés lors des deux attentats « ont été récupérés et versés au dossier judiciaire ». Au-delà des procédures judiciaires vigoureusement respectées, l'enquête a été investie de la dimension humaine, souligne la même source. Lors des perquisitions, explique-t-on, « deux enfants de dix et douze ans ont été retrouvés dans un refuge. Nés au maquis, ils sont orphelins et ont nécessité une prise en charge de l'Etat tant au plan de la réinsertion que celui de la scolarisation ». Ces deux enfants, précise-t-on, « sont les rescapés d'un massacre interne de femmes et d'enfants perpétré en 2002 dans les maquis ». L'audition des éléments arrêtés a permis « le recueil de renseignements sur les luttes intestines et les rivalités au sein du GIA pour la prise de sa chefferie », note le communiqué en précisant que l'ancien « émir », Oukali Rachid, dit Abderrachid Abou Tourab, a été exécuté en juillet 2004 par ses acolytes pour permettre à Boudiafi Noureddine d'accéder à l'« émirat » de l'organisation. Ces auditions ont permis aussi de « situer les circonstances et l'identification des auteurs de massacres perpétrés contre les populations civiles dans différentes régions du pays », ajoute la même source. Confrontées à divers témoignages de victimes, ces auditions ont permis « l'avancement des enquêtes ouvertes par la justice sur les massacres et les atrocités commises contre des milliers de citoyens », indique-t-on. Cette organisation criminelle, rappelle le communiqué, constituait « une menace sur les régions du Centre » et tentait même de « répandre la terreur dans la capitale par des actes terroristes de grande envergure ». « La vigilance des services de sécurité a permis d'écarter cette menace et d'apporter la quiétude aux citoyens », affirme-t-on. En termes de capacité de nuisance, l'enquête a permis de recueillir des « renseignements précis » sur le GIA. Il est désormais constitué, affirme-t-on encore, d'« une trentaine de terroristes répartis en deux groupes implantés dans le massif montagneux de Thala Acha, Blida, et celui de Kouacem, séparant les wilayas de Chlef et Tissemsilt où les forces de sécurité continuent de les traquer ». Le ministère de l'Intérieur souligne enfin que « l'enquête poursuit son cours et le démantèlement des réseaux résiduels de cette organisation terroriste se poursuit dans le strict respect des lois de la République », ajoutant que « tous les prévenus répondront de leurs actes devant la justice ».