Traqué depuis Bab Ezzouar, le nouveau chef de ce groupe agonisant a été rattrapé et éliminé à Chlef. Ce qui n'étaient que spéculations médiatiques basées sur des sources sécuritaires anonymes, est désormais chose officielle. Le GIA a définitivement cessé d'exister. C'est ce qu'annonce, à grands renforts de détails, un communiqué rendu public hier par le ministère de l'Intérieur. Celui-ci revient sur les détails de l'ultime opération qui a permis l'éradication de ce groupe, une opération qui a duré deux longs mois. Dans sa déclaration, donc, le département de Yazid Zerhouni annonce qu' «une opération menée avec méthode et patience durant plusieurs mois par les services de sécurité et l'ANP, a abouti au démantèlement quasi total du GIA». Il y est ajouté que «l'émir national (de ce groupe), le nommé Boudiafi Noureddine, alias Noureddine RPG, dit Hakim, a été arrêté par les services de sécurité au moment où plusieurs réseaux de cette organisation ont été démantelés». L'information en elle-même donne froid dans le dos puisque l'on découvre que ce groupe demeurait quand même actif après l'élimination de son ancien chef national, Antar Zouabri, en 2002, dans une cache à Blida. Les survivants, comme nous l'indiquent des sources sécuritaires, avaient tenté de trouver refuge au niveau de la capitale. Spécialistes de la guérilla urbaine, certains d'entre eux, y compris ceux qui sortaient à peine de prison, ont servi de «porte-pistolet» au Gspc, seul groupe encore relativement fort et actif dans le pays, afin qu'il tente à son tour de commettre des attentats dans les grands centres urbains alors que sa spécialité a toujours été les embuscades et les faux barrages au niveau des maquis qu'il écume. Les choses ont toutefois diamétralement changé depuis que Hassan Hattab a été liquidé par les siens à la suite d'un sommaire «jugement», et que son remplaçant a été éliminé en même temps que l'ensemble de ses lieutenants à la suite d'une spectaculaire opération menée par les forces combinées des services de sécurité. Mais pour revenir à cette dernière opération, qui vient confirmer que le terrorisme vit ses derniers moments dans le pays, même si ses «adeptes» sont encore au nombre d'un peu plus de 400 qui attendent l'amnistie du président Bouteflika, le communiqué du ministère de l'Intérieur précise que «l'opération, qui a débuté le 5 novembre 2004 à 18h 05 au niveau de Bab Ezzouar, un quartier situé dans la banlieue-est de la capitale, a permis également la neutralisation du terroriste recherché Guechniti Redouane, alias Chouaïb, Mossaâb et El Hadj, l'un des principaux animateurs du GIA». L'or des massacres récupéré Il convient de souligner qu'à la suite de l'élimination d'Antar Zouabri, puis de son successeur, Khaled El-Fermache (édenté) par ses pairs, Noureddine Haliouia dit Boudiaf, à la tête d'un groupe relativement important, a tenté de réactiver à Aïn Defla les réseaux désormais morts et enterrés de ce groupe, avec l'aide de deux de ses acolytes. Les sources sécuritaires qui nous livrent ces informations ajoutent qu'«il reste à Médéa six éléments qui se trouvent derrière le massacre de Hamdania à Bouaârfa durant le mois de Ramadan passé». Ce groupuscule, nous dit-on encore, n'a pas intégré les rangs du Gspd de Souane qui s'apprête, lui aussi, à déposer les armes. Nous apprenons également, que cette dernière opération, venue mettre un terme définitif à l'existence du groupe terroriste le plus sanguinaire en Algérie, fait suite à celle de 2002, durant laquelle des dizaines de fusils d'assaut avaient été récupérés, mais aussi des FM, des RPG et un nombre considérable de bombes artisanales. Le communiqué du ministère de l'Intérieur, qui confirme de facto que Zerhouni fait office de ministre de la Défense puisque ce sont les éléments de l'ANP qui ont mené l'opération de bout en bout, ajoute que «dans le prolongement de l'enquête, il a été procédé à l'arrestation d'une douzaine d'éléments de soutien et d'autres terroristes non recherchés, activant dans la capitale et sa périphérie (et) tous leurs lieux de refuge ont été investis par les officiers de la Police judiciaire et scellés par la justice». Il est heureux de constater, donc, que les éléments non fichés n'aient pas réussi à échapper aux mailles serrées de ce dispositif véritablement efficace. Le communiqué fait état également de la saisie de «tous les véhicules utilisés par les terroristes» ainsi qu'une «quantité d'or, volée lors des massacres perpétrés contre les populations de Raïs, Bentalha, Had Chekala et Ténès», et ajoutés au dossier judiciaire des prévenus. Il s'agit là d'une confirmation supplémentaire, si besoin en était, que c'est le GIA qui se trouvait derrière les terribles massacres qui ont endeuillé le pays entre 1997 et 1998. Cet or, qualifié de «trésor de guerre du terrorisme», a bien souvent fait l'objet de guerres sanglantes au sein des groupes. La dernière en date a opposé les deux émirs locaux qui continuent d'écumer la région est du pays, plus précisément Skikda et ses environs. Pour ce qui est du registre judiciaire, le communiqué ajoute qu'«au terme de la garde à vue prévue par la loi, les mis en cause ont été présentés par-devant le parquet d'Alger et placés par le juge d'instruction, sous mandat de dépôt pour, notamment, activités terroristes et assassinat de citoyens». D'autre part, le terroriste Chaâbane Younès dit «Lyès», «fraîchement intronisé à la tête du GIA», a été abattu par les services de sécurité le 1er décembre 2004 au niveau de la ville de Chlef, ajoute le communiqué, précisant que ce dernier «avait refusé d'obtempérer aux injonctions des éléments des services de sécurité, désignés pour l'arrêter». Il semble que cet émir, qui n'a guère eu le temps de «profiter» de son poste, ait été débusqué à la suite du démantèlement des cellules algéroises. Celui-ci a, du reste, fait suite à celui du groupe de Belcourt, affilié au Gspc, conduit par l'émir local, Bouti. Des bébés trouvés dans les maquis! L'émir Lyès, rappelle pour sa part le communiqué, avait «commandité et dirigé personnellement tous les massacres perpétrés entre 1999 et 2003, contre les populations civiles des différentes régions de l'ouest du pays». Son accompagnateur, Benziane Mohamed dit Abou Bakr, précise-t-on, «a été arrêté» alors que «son arme a été saisie». L'audition des terroristess arrêtés a permis, comme le précise le document de l'Intérieur, de «situer les lieux où les membres de cette organisation avaient dissimulé des armes». «Les opérations menées par les officiers de la Police judiciaire et les forces de l'ANP ont permis la récupération de plus de 250 armes de différents types, à travers les différentes régions de la Mitidja et de Chlef». Ces armes font l'objet actuellement d'une expertise balistique, en vue de situer les actes et crimes dans lesquels elles ont été utilisées. Les pièces saisies lors des différentes perquisitions menées pratiquement à l'échelle nationale, ont permis l'avancement d'autres enquêtes ouvertes auparavant, notamment des actes d'assassinat perpétrés en novembre 2004 à Larbaâ, dans la wilaya de Blida et Khemis Miliana dans la wilaya d'Aïn Defla. Dans le même temps, de nombreux objets volés lors des massacres et attentats commis vers la fin des années 90 et début 2000, ont également pu être récupérés avant d'être versés au dossier d'instruction. Au-delà des procédures judiciaires «rigoureusement respectées», tient à préciser le département ministériel de Yazid Zerhouni, l'enquête a été investie de la dimension humaine. Lors des perquisitions, explique-t-on en effet, «deux enfants de dix et douze ans ont été retrouvés dans un refuge. Nés au maquis, ils sont orphelins et ont nécessité une prise en charge de l'Etat, tant au plan de la réinsertion que celui de la scolarisation». Ces deux enfants, précise-t-on, «sont les rescapés d'un massacre interne de femmes et d'enfants, perpétré en 2002 dans les maquis». L'audition des éléments arrêtés a permis le «recueil de renseignements sur les luttes intestines et les rivalités au sein du GIA pour la prise de sa chefferie», note le communiqué en précisant que l'ancien émir national, Oukali Rachid, dit Abderrachid Abou Tourab, a été exécuté en juillet 2004 par ses acolytes, pour permettre à Boudiafi Noureddine de se faire introniser, à sa place, à la tête de cette organisation terroriste. Ces auditions ont permis également de «situer les circonstances et l'identification des auteurs de massacres perpétrés contre les populations civiles dans différentes régions du pays», ajoute la même source. Confrontées à divers témoignages de victimes, ces auditions ont permis «l'avancement des enquêtes ouvertes par la justice sur les massacres et les atrocités commises contre des milliers de citoyens». En termes de capacité de nuisance, l'enquête a permis de recueillir des «renseignements précis» sur le GIA. Il est désormais constitué, affirme-t-on encore, d'une «trentaine de terroristes répartis en deux groupes implantés dans le massif montagneux de Thala Acha à Blida et celui de Kouacem, séparant les wilayas de Chlef et de Tissemsilt où les forces de sécurité continuent de les traquer». Partant du constat que des éléments actifs restent encore dans certains maquis et que les tentatives d'infiltration des grands centres urbains n'ont jamais cessé, la vigilance doit donc demeurer le maître mot en attendant que la démarche du président soit parachevée et que le plus gros des terroristes déposent enfin les armes pour ne laisser plus de place qu'à des desperados isolés et sans la moindre perspective.