L' “émir” national du GIA, Boudiafi Noureddine, alias Noureddine RPG dit Hakim, a été arrêté par les services de sécurité, a annoncé, hier, le ministère de l'Intérieur. Le Groupe islamique armé (GIA), dont la puissance a décliné, ces dernières années, après avoir subi de très lourds revers de la part des services de sécurité et avoir été constamment miné par les dissidences, a été “quasiment anéanti” par l'armée et la police au cours de ces derniers mois dans l'Algérois et la région de Chlef. Une opération, menée avec “méthode et patience” durant plusieurs mois par les services de sécurité et l'ANP, a abouti au “démantèlement quasi total du GIA”, a affirmé, hier, le ministère de l'Intérieur. Cette opération a permis de révéler une information capitale : l'”émir” du GIA, Rachid Oukali dit Abderrachid Abou Tourab, qui avait succédé à Antar Zouabri, tué par l'armée en février 2002 à Boufarik, a été exécuté en juillet dernier par ses acolytes . Le successeur d'Abou Tourab à la tête du GIA, Boudiafi Noureddine, alias Noureddine RPG, dit Hakim, a été, quant à lui, arrêté par les services de sécurité et “plusieurs réseaux de cette organisation ont été démantelés”, selon le ministère de l'intérieur qui n'a pas précisé la date de son interpellation. Le successeur de Boudiafi, le terroriste Chaâbane Younès dit Lyès, “fraîchement intronisé à la tête du GIA”, a été abattu par les services de sécurité le 1er décembre 2004 à Chlef, ajoute encore le ministère de l'Intérieur, précisant que ce dernier “avait refusé d'obtempérer aux injonctions des éléments des services de sécurité désignés pour l'arrêter”. Ce terroriste avait “commandité et dirigé personnellement tous les massacres perpétrés entre 1999 et 2003, contre les populations civiles des différentes régions de l'ouest du pays”. Son accompagnateur, Benziane Mohamed dit Abou Bakr “a été arrêté et son arme saisie”. L'opération, qui a permis l'arrestation de “Nourredine RPG, dit Hakim”, a débuté le 5 novembre 2004 à Bab-Ezzouar, dans la banlieue est d'Alger et a également permis la neutralisation du terroriste Guechniti Redouane, alias “Chouaïb, Mossaâb et El Hadj”, l'un des principaux animateurs du GIA. Les services de sécurité ont également démantelé un réseau de soutien composé d' une douzaine d'éléments qui sévissaient dans la capitale et sa périphérie. Leurs refuges ont été investis par la police et “scellés par la justice”. Tous les véhicules utilisés par les terroristes ainsi qu' “une quantité d'or, volée lors des massacres perpétrés contre les populations de Raïs, Bentalha, Had Chekala et Ténès” ont été saisis. Au terme de la garde à vue prévue, les mis en cause ont été présentés par-devant le parquet d'Alger et placés par le juge d'instruction sous mandat de dépôt pour, notamment, “activités terroristes et assassinats de citoyens”. L'audition de ces terroristes a permis, toujours selon le département de Yazid Zerhouni, de localiser les lieux où les membres de cette organisation avaient dissimulé des armes. Plus de 250 armes de différents types ont été ainsi récupérées “dans les différents maquis de la Mitidja et de Chlef”. Ces armes font l'objet, actuellement, d'une expertise balistique, en vue de situer les actes et crimes dans lesquels elles ont été utilisées, précise encore le département de Yazid Zerhouni. “Les pièces saisies lors des différentes perquisitions, ont permis l'avancement d'autres enquêtes ouvertes auparavant, notamment des actes d'assassinat perpétrés en novembre 2004 à Larbaâ (Blida) et Khemis Miliana (Aïn-Defla)”. Lors des perquisitions, “deux enfants de dix et de douze ans ont été retrouvés dans un refuge. Nés au maquis, ils sont orphelins et ont nécessité une prise en charge de l'état”. Ces deux enfants “sont les rescapés d'un massacre interne, de femmes et d'enfants, perpétré en 2002 dans les maquis”. L'audition des terroristes arrêtés a permis de recueillir des informations sur les luttes intestines et les rivalités au sein du GIA pour le contrôle de cette organisation. Ces auditions ont permis également de “situer les circonstances et l'identification des auteurs de massacres perpétrés contre les populations civiles dans différentes régions du pays”. Confrontées à divers témoignages de victimes, ces auditions ont permis “l'avancement des enquêtes ouvertes par la justice sur les massacres et les atrocités commises contre des milliers de citoyens”, selon le département de Zerhouni. Le GIA constituait une “menace sur les régions du Centre et tentait même de répandre la terreur dans la capitale par des actes terroristes de grande envergure”, mais la vigilance des services de sécurité a permis “d'écarter cette menace”, affirme le ministère de l'Intérieur. L'enquête a permis en outre, apprend-on encore, de recueillir des “renseignements précis” sur le GIA, notamment sur sa capacité de nuisance. Ce groupe terroriste est désormais constitué d'une “trentaine de terroristes répartis en deux groupes implantés dans le massif montagneux de Thala Acha, dans la région de Blida et celui de Kouacem, séparant les wilayas de Chlef et Tissemsilt où les forces de sécurité continuent de les traquer”. Le ministère de l'intérieur souligne que l'enquête poursuit son cours et que le démantèlement des réseaux de cette organisation terroriste “se poursuit dans le strict respect des lois de la République”, ajoutant que “tous les prévenus répondront de leurs actes devant la justice”. Dans un entretien publié par le quotidien La Tribune en décembre 2004, le directeur général de la sûreté nationale, Ali Tounsi, affirmait qu'environ 300 à 500 terroristes étaient encore en activité dans les maquis. Toujours est-il que les forces de sécurité viennent, à en juger par les révélations du département de Yazid Zerhouni, de remporter un important succès en éliminant les deux successeurs de Rachid Abou Tourab à la tête du GIA et en recueillant des informations précieuses sur la capacité de nuisance de cette organisation terroriste qui a semé la peur et le désarroi pendant plus d'une décennie dans de nombreuses régions du pays. R. B.