Les services de sécurité et les forces combinées de l'ANP ont réussi un spectaculaire coup de filet en neutralisant la « quasi-totalité » du Gia au cours d'une opération qui avait débuté au mois de novembre 2004. L'information avait été rendue publique hier à travers un long communiqué du ministère de l'Intérieur qui annonce le démantèlement de la direction nationale du GIa et la récupération d'un important lot d'armes. De cette organisation terroriste qui a semé la mort et la désolation à travers le pays, il ne subsiste plus, selon le communiqué du ministère de l'Intérieur, qu'une trentaine de terroristes désemparés après le coup dur que vient de subir l'organisation terroriste frappée à la tête en perdant l'ancien et le nouvel émir national dont la longévité à ce poste n'aura duré qu'une quinzaine de jours. La particularité de cette opération de grande envergure est qu'elle fut entourée de la plus totale discrétion de la part des services de sécurité. Les investigations effectuées à la suite des aveux arrachés aux terroristes arrêtés, dont les informations fournies par l'émir national furent sans nul doute très précieuses pour démanteler le réseau, ont permis de se constituer une banque de données de première main pour pénétrer le système d'organisation et de fonctionnement du GIa, ses réseaux, ses refuges, ses modes de financement, les dissensions internes à l'organisation, les capacités de nuisance de l'organisation ou ce qu'il en reste, ses relations avec les autres groupes terroristes en Algérie et à l'étranger ainsi que son implication dans les massacres des populations, les attentats et les assassinats perpétrés par cette organisation dont la seule évocation provoquait chez les citoyens une montée irrésistible d'adrénaline tant elle ne se connaissait aucune limite dans l'horreur. Depuis l'avènement du terrorisme et la création des organisations terroristes dont le Gia qui a alimenté en effectifs les autres groupes terroristes après les dissidences internes qui ont traversé cette nébuleuse, les services de sécurité ont assené au terrorisme plusieurs coups mortels qui avaient permis de liquider la plupart des émirs nationaux du Gia et d'affaiblir ainsi considérablement les potentialités de cette organisation qui avait été défaite militairement sur le terrain depuis ces dernières années où elle s'est effacée, supplantée par le Gspc. Mais c'est bien la première fois qu'un émir national du Gia se fasse attraper vivant et que son successeur à la tête de l'organisation n'ait même pas eu le temps de « savourer » son intronisation à la tête de l'organisation avant d'être lui aussi neutralisé par les services de sécurité qui l'ont abattu à Chlef une quinzaine de jours seulement après avoir pris les rênes de l'organisation. Traque La concomitance de la conduite de cette opération spectaculaire, qui annonce la fin toute proche de l'organisation, avec le battage politico-médiatique fait autour du dossier de l'amnistie ne manquera certainement pas de susciter certaines lectures par rapport au timing de cette dernière opération et la synchronisation parfaite des différentes missions d'investigations, de renseignements qui ont permis de décapiter l'organisation et de surprendre l'ennemi presque dans son lit. Il n'est pas dans la tradition ni dans les convictions des chefs terroristes, surtout ceux qui ont eu à officier cette sinistre organisation, de se rendre aux services de sécurité ou de se faire attraper vivants. Les différents « émirs » de cette organisation ont été soit tués au cours d'affrontements avec les forces de sécurité ou victimes de purges internes à l'organisation. Que s'est-il alors passé pour que le dernier des émirs du GIA échappât à cette règle censée être inviolable de l'organisation qui a cultivé dans sa propagande le mythe de l'invincivilité de ses éléments particulièrement de ses chefs dont on ne reconnaît jamais la mort même lorsque celle-ci est dûment établie ? Ce n'est certainement pas un geste innocent si les terroristes, au cours des affrontements avec les services de sécurité, font tout pour récupérer leurs morts ou leur brûler les doigts pour rendre impossible l'identification de leurs éléments neutralisés. La « facilité » avec laquelle l'émir national a été pris dans la nasse des services de sécurité incline à penser que la direction de l'organisation, qui sait que le terrorisme n'a plus d'avenir ni en Algérie ni dans aucun pays au monde où il est traqué sans aucun ménagement, se cherchait une porte de sortie « honorable ». L'émir national arrêté aurait bien pu se donner la mort pour être en conformité avec la philosophie et l'idéologie du Gia qui a sublimé la mort, synonyme de ticket pour le paradis. Il ne l'a pas fait. La perspective de l'amnistie générale qui pointe à l'horizon a certainement dû faire réfléchir l'émir du Gia et ses collaborateurs arrêtés à Bab Ezzouar et ailleurs qu'il était suicidaire d'opposer une résistance et de se faire tuer « bêtement » alors qu'ils pourraient bénéficier de la politique de l'amnistie qui se met en place à un rythme soutenu. Pour une organisation présentée comme étant composée des éléments les plus irréductibles de la mouvance intégriste, qui a rejeté les différentes mesures de la rahma prises par les autorités, l'amnistie générale reste la seule voie de salut qui lui permet de sortir par « la grande porte ». Tout en continuant à cultiver l'illusion d'une organisation radicale qui reste accrochée à ses convictions, contrairement aux autres organisations terroristes qui ont déposé les armes et ont accepté de signer un deal avec le pouvoir, elle reste attentive et intéressée par l'initiative politique d'amnistie qui se prépare et dans laquelle elle compte bien s'engouffrer sachant qu'il n'y a pas d'autre salut aujourd'hui que l'islamisme armé est au ban de l'humanité pour se sortir du bourbier dans lequel le mouvement s'est enlisé.