Il a quatre fois le bel âge, 80 ans. Et, il aime le dire. Abdesselam Bouzar, qui se définit comme un amateur de la peinture, expose, depuis dimanche 30 novembre jusqu'au 7 décembre, à l'espace Média Book, rue Ahmed Zabana à Alger, des tableaux soulignant une certaine finesse. « Promenades fleuries », exposition montée avec l'aide des éditions Mille-Feuilles de Sid Ali Sakhri, est un hommage coloré à la nature et à ses beautés. Des bouquets de roses, jaunes, oranges, rouges, bleues, un pot de tournesols (vaguement inspiré du tableau de Vincent Van Gogh), des fruits : grenades, poires et raisins, déposés à côté d'un vase débordant de fleurs, des arbres presque solitaires au bord d'un fleuve, des champs printaniers où coquelicots et marguerites se disputent l'espace verdoyant... « Ces champs ressemblent à ceux de ma région natale, le Zaccar, où ceux du Djurdjura », explique Abdesselam Bouzar. « Cette fois-ci, j'ai introduit des fleurs dans les paysages. Chez nous, on ne voit les fleurs qu'à l'occasion des fêtes de mariage. Sur le marché, on ne trouve que les roses. Des fleurs attachantes, comme les violettes, sont inexistantes », dit-il. Il est rare, selon lui, de voir un homme rentrer chez lui avec une rose à la main à offrir à son épouse ou à ses enfants. « Je ne sais pas si cette rareté relève de la négligence ou de la tradition. C'en est peut-être pas dans notre culture. Reste qu'offrir une rose est un geste beau », appuie-t-il. Aussi, Abdesselam Bouzar entend-il offrir les fleurs à travers une peinture, un peu impressionniste, marquée d'une apparente délicatesse. Des photos prises chez des fleuristes, en Algérie, en Espagne, en France, en Italie lui servent parfois de modèles. « Je ne fais pas comme les anciens peintres qui prenaient tout leur temps en se mettant devant un paysage, assis sur un tabouret devant un tableau, chapeau sur la tête. Avec mes photos, j'ai plus de liberté », explique-t-il. Abdesselam Bouzar a découvert son penchant pour l'art pictural, il y a cinquante ans, lors d'un voyage dans la région de Miliana. « Pour passer le temps, j'ai acheté des pinceaux, de la peinture et une toile, et j'ai commencé à peindre une ruelle avec ses passants. J'ai offert ce premier tableau à un ami. Un tableau qui est né avec mon premier enfant », se souvient-il. Présente au vernissage, Annie Steiner, ancien membre du réseau FLN d'Alger durant la guerre de libération, a qualifié Abdesselam Bouzar de « gentleman de la peinture ». « On regarde de haut ce genre de peinture dans les salons actuellement », dit-il.