La librairie Média-Book traite du «patrimoine musical algérien et de l'édition» Ce rendez-vous de la librairie Média-Book d'Alger appartenant à l'Entreprise nationale des arts graphiques (Enag) et située au 28, rue Ahmed Zabana, Alger, est devenue une rencontre périodique - une fois tous les 15 jours - qui rassemble intellectuels, hommes de lettres, journalistes, lecteurs et tous ceux qui se sentent concernés par le domaine culturel et qui veulent y apporter un plus sinon être au courant de ce qui s'y passe. Cette fois-ci, la rencontre s'est faite autour d'un thème aussi important que délicat, aussi intéressant que délaissé, il s'agit de la sauvegarde du patrimoine musical algérien et du rôle de l'édition dans cette sauvegarde. Ont participé à cette rencontre, M.Sid-Ahmed Serri, musicien et artiste de renom qui a écrit, aux éditions Enag, le Chant andalou, et dont le parcours musical n'est plus à décrire, M.Hakim Taoussar, directeur général de l'Office national des droits d'auteurs (Onda), M.Nacereddine Baghdadi, auteur et producteur d'émissions radiophoniques musicales, directeur des archives à la Radio algérienne et spécialiste du patrimoine chaâbi et andalou, ainsi que M.Aomar Bouzid, directeur des éditions Gamma. En présence d'un public assez restreint, les intervenants ont chacun exposé des faits, une analyse et un point qui se rejoignent tous pour dire un seul mot : il y a urgence. Il faut à tout prix faire quelque chose pour que notre patrimoine musical ne disparaisse pas. Car aussi riche, aussi varié, aussi beau qu'il soit, notre patrimoine musical repose en grande partie sur une tradition orale en perdition, ce qui fait que nous allons automatiquement vers son déclin. Maître Sid-Ahmed Serri, en présentant son ouvrage, parle de son expérience personnelle et tente de tirer des leçons d'une longue vie consacrée au patrimoine musical andalou. En réponse à un appel lancé par une intervenante, inspectrice de collège, Serri, la mort dans l'âme et d'une voix navrée et découragée, dira qu'il ne pourra rien faire car sa «voix ne porte pas», lui, dont la voix vous emporte... Beaucoup de sujets ont donc été abordés à ce rendez-vous qui se voulait un cri de détresse. Les textes législatifs régissant le patrimoine musical, la recherche de documents, l'enregistrement sur des supports sonores, l'écriture, l'édition, la diffusion, la création d'écoles de musique, de conservatoires, l'enseignement de la musique dans les écoles, la prise en charge réelle de cette culture musicale par les pouvoirs publics sans se contenter des petites associations musicales qui font de leur mieux mais dont l'effort reste insuffisant... La voix portera-t-elle enfin?