Les magistrats sont désormais à l'abri du besoin. Leurs nouveaux salaires bruts oscillent entre 100 000 et 200 000 DA. Autrement dit, leur mensualité varie, selon le grade et l'échelon, entre 8 et 17 fois le Salaire national minimum garanti (SNMG). Avec cette nouvelle grille salariale, ils se retrouvent dans le rang des hauts cadres de la nation les mieux payés. Derrière, bien entendu, les ministres, les parlementaires... Tant attendue, cette revalorisation salariale en faveur des représentants du pouvoir judiciaire trace grandement la voie de la probité, de l'indépendance et de l'objectivité sans faille d'une corporation qui est la garante d'un Etat de droit. Les magistrats, depuis des années, revendiquent un statut et salaire à la hauteur de leur mission, de leur lourde responsabilité et de ce qui est attendu d'eux dans un pays rongé par la corruption et les passe-droits. Après le statut particulier, c'est donc la promotion salariale qui est bien plus importante que celle des autres hauts fonctionnaires de l'Etat, à l'image de ceux l'enseignement supérieur où la rémunération mensuelle d'un professeur universitaire, le grade le plus important dans le secteur, est 81 541 DA. En attendant de connaître le point de vue de leur syndicat, les magistrats semblent avoir été, cette fois, bien entendus et compris ! En plus de cette rémunération, les magistrats occupant des postes de responsabilité touchent une indemnité de responsabilité allant de 14 000 da (pour le juge d'instruction et celui des mineurs) à 50 000 DA (pour le premier président de la Cour suprême, le président du Conseil d'Etat, le procureur général près la Cour suprême et le commissaire d'Etat près le Conseil d'Etat). Cette indemnité n'est toutefois servie qu'aux magistrats exerçant effectivement ces fonctions. Outre le gain financier, le décret présidentiel, tel que publié le 5 octobre 2008 dans le Journal officiel, fixe les modalités d'évolution de la carrière des magistrats. Le mode de valorisation de l'ancienneté des magistrats se traduit en effet par un avancement d'échelon. La liste d'aptitude En vertu de ce nouveau texte de loi, l'ancienneté nécessaire pour le passage d'un échelon à un autre est fixée à deux ans. Chaque groupe comprend douze échelons et chaque échelon est affecté d'un indice correspondant à l'expérience professionnelle acquise dans le groupe du grade concerné et se traduit par une majoration indiciaire. La promotion aux groupes et aux grades s'effectue au choix par inscription sur la liste d'aptitude, laquelle liste est établie chaque année en tenant compte de l'ancienneté minimale requise, l'appréciation obtenue durant la période exigée et dans la formation continue et spécialisée ainsi que la contribution à la formation continue à la fois des magistrats et des fonctionnaires. La promotion aux fonctions s'effectue sur la base d'une liste d'aptitudes établie annuellement par ordre de mérite. Selon les données officielles, le nombre de magistrats a augmenté de près de 50% ; ils sont aujourd'hui 3581 en exercice, alors que leur nombre ne dépassait guère les 2500 en 1999. Avec 1319 juges, les femmes représentent 36,84% du chiffre global. Dans son plan de réforme en cours, le ministère de la Justice veut atteindre 4000 juges d'ici à 2009.