Tôt ou tard, la déconfiture de l'UGTA à Constantine devait remonter à la surface. Constantine. De notre bureau En effet, les nombreux sit-in de protestation, tenus sur le perron même de la maison du syndicat et les cris à répétition pour un redressement d'une organisation moribonde, sont restés longtemps lettre morte d'où une désaffection massive de la base vers d'autres syndicats et l'absence de représentativité au sein de la direction nationale. Devant cet état de fait, des cadres syndicaux membres de la commission exécutive de wilaya, des unions locales, de syndicats d'entreprises, des secrétaires généraux et de sections syndicales ont pris leur courage à deux mains pour dénoncer « la dégradation de l'exercice syndical dans la wilaya », affirment-ils, en sollicitant la centrale pour l'envoi d'une commission d'enquête, afin de « constater l'ampleur des violations et prendre des décisions adéquates selon les principes de la lutte syndicale et nos références ». Dans une lettre adressée au secrétaire général et à l'ensemble des membres du secrétariat national de l'UGTA, 16 cadres s'insurgent contre « l'exclusion de cadres syndicaux, l'imposition et l'installation de structures syndicales illégitimes et sans représentativité, marginalisation, etc., le tout en dehors des textes réglementaires et statutaires comme si le syndicat était devenu une propriété privée de pseudo-syndicalistes ». Ce qui a encouragé cette politique, c'est le défaut d'application des textes de discipline stipulés dans le règlement intérieur et les statuts de l'organisation, estiment encore les signataires de la lettre. Ils s'interrogent également sur les tenants et les aboutissants de cette politique. « Ces agissements qui diminuent la crédibilité de notre organisation et consacrent l'hémorragie… ce qui affaiblit notre force de mobilisation. S'agit-il d'un appétit motivé par des tentatives personnelles isolées visant à réaliser des intérêts personnels ou rentrent-elles dans une stratégie bien précise visant la disparition du syndicat dans un terrain qui fourmille de concurrence et de défis ». La lettre énumère une liste non exhaustive de violations : la mascarade des élections de renouvellement de la section SNTA Khroub, dont les travailleurs sont privés à ce jour de représentativité légitime et crédible, le plébiscite d'une union locale du Khroub, illégitime, les manœuvres contre le syndicat de l'éducation, l'aéroport, la poste, la formation professionnelle, Naftal de Bounouara, la protection civile, l'hôpital du Khroub, l'union commerciale de la SNTA, etc., l'absence de réunion de la commission exécutive de wilaya ne serait-ce qu'une fois depuis son installation en 2000 et enfin le retour de l'ancien secrétaire national chargé des relations extérieures et de l'immigration (grand perdant du onzième congrès) à la tête de l'union de wilaya sans passer par des élections et la procédure consacrée par les statuts. Les insurgés considèrent qu'il est de leur devoir moral de ne pas se contenter d'être des témoins muets devant toutes ces déviations et violations qui ouvrent ainsi un front qui risque de remettre en question des pratiques qui remplacent depuis longtemps les principes syndicaux les plus élémentaires.