Neuf ans après la naissance dans la douleur, en 1999, de l'association de parrainage des aveugles, « la situation de cette frange sociale, en dépit des efforts louables, reste toujours préoccupante », dira d'emblée Abed Djdid, président qu'on a rencontré au siège de son association située au premier étage de la maison des ligues et des associations. Comme à pareille époque, lors de la célébration de la Journée mondiale des handicapés, « l'occasion reste propice pour tenter de faire connaître les problèmes nombreux que vivent les aveugles à Tiaret ». Notre interlocuteur, licencié en journalisme et en droit, n'y va pas par quatre chemins pour fustiger « cette forme de mépris qu'ont les responsables vis-à-vis de pas moins de 2000 aveugles dont une centaine dans le seul chef-lieu ». Monsieur Jdid a évoqué « la mesure prise par l'APC qui a contraint l'association à s'acquitter de mille dinars pour pouvoir disposer de la salle le 3 décembre, une journée censée être la nôtre ». Une salle relativement désertée du reste puisque les festivités officielles se déroulaient à 26 km de là, à Sougueur, bien qu'une intéressante communication figurait au programme. Au-delà donc des festivités, Jdid et ses pairs ne voudraient pas rater l'occasion pour revenir sur « les dures conditions de vie des aveugles qui font face, en plus de l'absence d'un statut qui définira leur handicap, à des aléas liés à l'insuffisance de moyens, à la modique somme de 1000 dinars/mois, soustraite d'ailleurs à d'autres aveugles qui travaillent ». Notre interlocuteur, joignant le geste à la parole, nous montra du doigt certains de ses pairs à qui on dispense le braille sur des tablettes en plastique fournies par un bienfaiteur. « Vous nous voyez atteindre nos buts avec trois tablettes alors qu'au niveau international, la bibliothèque sonore et les livres scolaires, culturels et scientifiques pour aveugles, transcrits en braille sont devenus depuis longtemps une réalité ? » « Nous sommes, il est vrai au 5e numéro d'« El Kalem », une revue propre à l'association, mais nos espoirs sont grands au regard de nos potentialités et des efforts que l'Etat, à travers ses institutions, devraient mettre à notre disposition. » Revenant sur les promesses non tenues de Ould Abbès, le ministre de la Solidarité nationale, Jdid Abed rappelle « les sujets du baccalauréat non élaborés en braille comme promis. Situation qui n'a pas permis à certains aveugles d'être admis à concourir », fait-il savoir, ajoutant qu'« on a pourtant des docteurs, des licenciés et que le niveau est bien meilleur qu'on le pense, il suffit seulement de mettre les moyens ».