Sous le prétexte de l'écriture de l'histoire, un grand déballage s'est répandu ces derniers jours dans la presse nationale. De ce grand déballage, animé par les déclarations et les interviews de l'ancien président de la République, Chadli Bendjedid, je retiens, au-delà des vieilles querelles de clans du pouvoir de l'époque, le terrible et effroyable aveu sur l'identité du commanditaire et des exécutants du procès ayant conduit à la condamnation à mort du colonel Chaabani. Je suis tout autant sidéré par la facilité avec laquelle ce terrible aveu est livré que par le déconcertant désintérêt affiché par les lecteurs et le public de manière générale à l'endroit de cette révélation. En termes juridiques, cet aveu a une signification : il révèle une parodie de justice à l'issue de laquelle le colonel Chaabani a été tout simplement liquidé sur ordre du chef de l'Etat de l'époque et dont les exécutants ne sont autres que ceux qui ont mis en œuvre cette ignoble décision. L'ordre de condamnation à mort du colonel Chaabani, tel qu'il ressort de cet aveu, ne constitue pas un fait justificatif d'absolution de l'infraction tant il ne peut être assimilé, en droit, à un ordre autorisé par la Loi. La portée de cet aveu est que la mise en œuvre de la responsabilité pénale des auteurs de cette ignominie, même appelée à être prescrite, ne doit pas demeurer aussi indifférente que le mépris des citoyens à l'égard de querelles et de règlements de comptes du passé auxquels ils ont toujours été étrangers pour ne pas dire... victimes. Il ne faut pas chercher plus loin que cet effrayant aveu pour comprendre les raisons de l'impunité de nos gouvernants et les conséquences néfastes de leur gouvernance sur la fragilité des institutions et leur instrumentalisation au mépris des exigences d'un Etat de droit dont l'unique et seul fondement est la souveraineté de la Loi.