En dépit de tous les appels lancés par le bureau local de l'union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), et les actions menées conjointement avec la direction du commerce de la wilaya, les habitants du Vieux Rocher ont vécu, encore une fois, un Aïd difficile, sans pain ni lait. Les mesures annoncées par les responsables des deux organismes, il y a quelques jours, à l'émission Forum de la radio locale, se sont avérées impuissantes à contraindre les boulangers de travailler le deuxième jour de l'Aïd El Adha. « Nous avons agi en commun accord avec les représentants de l'UGCAA pour mobiliser 60 boulangers sur les 520 boulangers exerçant au niveau de la wilaya durant les journées de l'Aïd, à travers la wilaya dont 48 au niveau de la seule ville de Constantine », a déclaré Aïche Adjroud, directeur du commerce, qui n'a pas manqué de noter que des équipes d'inspection iraient sur terrain pour s'assurer du respect de ces mesures, surtout que des sanctions, allant de la poursuite judiciaire à la fermeture, seraient prises à l'encontre des récalcitrants. Pour certains, le nombre de boulangeries est trop insuffisant dans une ville de plus de 500 000 habitants. « Il faut mobiliser 150 boulangers au moins pour assurer une couverture suffisante, sachant que le problème de main-d'œuvre se pose avec acuité, et que la plupart des travailleurs habitent en dehors de la commune-mère », ajoutera notre interlocuteur. Un avis partagé par Amar Boutamine, coordinateur de wilaya de l'UGCAA, qui rappellera que des campagnes de sensibilisation ont été menées en direction de tous les commerçants, toutes activités confondues, pour assurer la disponibilité des produits de base durant les jours de l'Aïd, surtout que le phénomène est réellement devenu inquiétant pour les citoyens. Un constat qui a été confirmé, encore une fois, hier, deuxième jour de l'Aïd. Dans une ville ayant difficilement repris son souffle, seuls les pâtissiers, les photographes, les kiosque multiservices et quelques cafés ont daigné ouvrir boutique, et la palme en revient aux bouchers qui n'ont guère chômé face à une forte demande pour le dépeçage des moutons, proposé à des prix allant entre 700 et 1 000 DA. L'indisponibilité du pain a été fortement ressentie au centre-ville où seule une poignée de boulangers ont assuré le service, alors qu'en parallèle, les habitants des banlieues ont souffert pour se procurer quelques baguettes de pain. S'approvisionner en lait a été un vrai calvaire en ces jours de fête à cause des défaillances enregistrées dans la chaîne de distribution, sachant que le produit a toujours été disponible au niveau des six laiteries réparties sur le territoire de la wilaya, et en mesure d'assurer plus de 400 000 l/jour. « En l'absence de contrôle et autres mesures dissuasives, les distributeurs font la loi en ces occasions en recourant à des pratiques déloyales ou en refusant de couvrir leurs secteurs, ce qui nous oblige souvent à aller chercher le lait à l'usine », proteste un épicier. Pour les citoyens, l'anarchie régnant dans le secteur et l'absence de contrôle rigoureux de l'activité commerciale risquent de faire durer leurs souffrances tout le long de ces jours de fête.