La Russie va dépêcher, le 17 décembre à Oran, son vice-Premier ministre en charge de l'Energie, Igor Setchine, ainsi que son ministre de l'Energie, Sergueï Chmatko. Les deux hauts responsables russes devront appuyer officiellement la décision de l'Opep de réduire sa production. C'est en tout cas ce qu'a laissé entendre jeudi dernier Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines et président en exercice de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep), dans une interview accordée, jeudi, à la Radio nationale. Selon le ministre, cette importante délégation d'officiels russes signifie l'intérêt qu'accorde la Russie au sommet de l'Opep à Oran. Mieux, le président russe, Dmitri Medvedev, n'exclut pas, de son côté, l'adhésion de son pays à l'Opep pour « défendre ses intérêts ». « Nos partenaires, collègues du club pétrolier (l'Opep, ndlr) nous ont assez activement demandé de mener une politique coordonnée avec la leur », a affirmé M. Medvedev, lors d'un déplacement à Kourgan, dans l'Oural, repris par la télévision russe. Il a souligné qu'il ne fallait « exclure aucune variante ». C'est un véritable pavé dans la mare qu'a lancé le président russe. « Ces mesures de protection peuvent combiner une réduction des volumes de production de pétrole, une participation aux organisations existantes de fournisseurs, ainsi qu'une participation à de nouvelles organisations si nous pouvons nous mettre d'accord là-dessus », a ajouté le président russe en faisant allusion à l'Opep. C'est une première. Jamais un haut dirigeant russe n'a évoqué publiquement, depuis le début de la crise, la possibilité que la Russie entre dans l'Organisation des pays producteurs de pétrole. L'Opep, composée actuellement de 13 pays membres, contrôle 43% de la production mondiale de pétrole, soit 30 mbj sur les 86 mbj produits à l'échelle mondiale. La Russie, deuxième producteur mondial de brut, contrôle, elle, un marché de 12,6%. Les déclarations de Dmitri Medvedev ont d'autant plus de poids qu'elles interviennent quelques jours à peine avant l'entrevue jugée décisive de l'Opep à Oran et à laquelle prendront part le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, et le ministre de l'Energie, Sergueï Chmatko. Ce dernier a laissé entendre, mercredi dernier, que la Russie pourrait baisser sa production de pétrole de concert avec l'Opep, afin de faire remonter les cours. Seulement, cette hypothèse est à prendre avec des pincettes puisque la position officielle de la Russie n'est pas compatible avec celle des compagnies pétrolières privées russes. Celles-ci s'opposent dès maintenant à toute décision de réduire la production. Se référant aux déclarations de Chakib Khelil, l'on va vers une réduction « plus sévère » dans l'offre en brut de l'Opep. D'après le président en exercice de l'Opep, « la réunion d'Oran doit décider d'une coupe plus sévère dans sa production pour établir l'équilibre entre l'offre et la demande ». Cette décision fait l'unanimité des pays membres, puisqu'un consensus vient d'être trouvé avec les Saoudiens, a fait comprendre M. Khelil. Ce dernier a expliqué que les enlèvements opérés sur le marché par les clients de l'Arabie Saoudite ont baissé de 8% en janvier. C'est-à-dire qu'une « baisse de 8% des 9 millions barils/jours (que ce pays produit) est importante ». D'après M. Khelil, la demande mondiale de pétrole pourrait baisser de 500 000 bj en 2009. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a, quant à elle, estimé dans son nouveau rapport mensuel que « la demande devrait recommencer à croître à 86,3 mbj en 2009 ». Le président en exercice de l'Opep a insisté, néanmoins, sur la nécessité de la contribution des pays producteurs non-Opep comme la Russie, la Norvège et le Mexique dans la stabilisation du marché.