Près de 120 éminents éditeurs, journalistes et défenseurs de la liberté de la presse du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord participent depuis hier au troisième forum de la presse arabe indépendante qui se tient à Beyrouth (Liban). Durant deux jours, les participants à cette manifestation annuelle, organisée à l'initiative conjointe de l'Association mondiale des journaux (AMJ) et du quotidien libanais An-Nahar discuteront des défis auxquels font face les médias arabes, évoqueront les subterfuges utilisés par les gouvernements pour sanctionner la presse indépendante dans les pays arabes, et bénéficieront également des opportunités de networking. Ce forum offrira en somme un aperçu complet des derniers développements liés à la presse dans le monde arabe, des politiques d'obstruction gouvernementales au nouveau visage du blogging arabe, en passant par l'attrait et l'influence exercés par les médias panarabes et les perspectives de l'industrie de la presse dans la région. Pour la journée d'hier, les débats étaient structurés autour de trois panels. Le premier devait porter sur les tactiques gouvernementales qui entravent la presse indépendante. Les intervenants du Yémen, de la Syrie, de l'Egypte et de la Mauritanie auront à traiter des dernières tactiques utilisées par les gouvernements et par le pouvoir judiciaire pour entraver et sanctionner la presse indépendante dans les pays arabes. Soumis à des pressions intérieures et étrangères pour engager des réformes démocratiques, certains gouvernements ont remplacé les attaques directes contre la presse par des manœuvres en coulisses, mais le prix payé par les médias critiques est lourd. Le deuxième panel qui a trait au nouveau visage du blogging arabe examinera la pertinence politique et l'influence croissante des blogs dans les pays arabes et leur ambition de solliciter et de s'inscrire dans une sphère publique plus large. Des blogueurs du Soudan, de la Tunisie, de la Syrie et de l'Arabie Saoudite vont tenter d'expliquer si réellement les blogs sont en train de devenir un cinquième pouvoir, défiant les gouvernements qui ont le monopole de l'information et échappant aux mécanismes de la censure. Le troisième panel aura à se pencher sur les opportunités et choix pour les rédactions arabes. Seront également abordées les questions liées à l'émergence des nouveaux médias, des nouvelles technologies, des évolutions du lectorat et des budgets revus à la baisse. Cet espace sera animé par un éditeur du Liban, un rédacteur en chef du Maroc et un éditorialiste de l'Arabie Saoudite. En outre, un groupe d'observation de Tunisie composé de Mohamed About, avocat et défenseur des droits de l'homme et ancien prisonnier (qui a été empêché de se rendre à Beyrouth) devait animer avec une autre collègue, Naziha Rjibi, une conférence consacrée à la censure et au harcèlement auxquels sont confrontés les journalistes et les activistes de la société civile en Tunisie. S'agissant de la journée d'aujourd'hui, elle sera consacrée au débat sur l'industrie de la presse dans le monde arabe. Omar Belhouchet, directeur du quotidien El Watan, Hisham Kassem d'Egypte, Mansoor du Bahrein et Aspen Aman des Emirats arabes unis aborderont les points relatifs aux défis et opportunités rencontrés par les éditeurs de journaux dans les pays arabes et tenteront par là même de répondre à certaines interrogations, à savoir les spécificités des marchés des médias et le potentiel de la diffusion et des recettes publicitaires, ainsi que les stratégies utilisées pour transformer les journaux en de véritables multimédias ayant une place importante. Par ailleurs, la cérémonie de clôture rendra un hommage particulier à Gebran Tueni, assassiné en 2005 et membre de longue date du Conseil d'administration de l'AMJ et champion de la liberté de la presse, avec la remise du troisième Prix Gebran Tueni à une personnalité de la presse arabe incarnant les qualités qu'il symbolisait.