L'Assemblée communale de Ras El-Ma connaît une situation de blocage effective après plus d'une année de tiraillements entre le maire, d'obédience FLN, et six élus appartenant à trois formations politiques, à savoir le FLN, le RND et le PT. Après que le parquet de Telagh a été saisi d'un rapport détaillé portant sur de nombreux « dépassements » dans la gestion de la commune, l'affaire a pris récemment une autre tournure, confirment les six élus. « Nous avons décidé de recourir à la justice afin de préserver les deniers publics de la collectivité », souligne Lazghem Ali, élu RND, dans une déclaration cosignée avec Mouileh Bachir, Lazghem Ali, Ghali Aicha, Sayeh Mohamed et Belarbi Yahia. « Notre action mûrement réfléchie fait suite aux révélations faites par M. Guendouzi, premier vice-président de l'APC qui a fait état d'opérations douteuses et de surfacturation concernant l'acquisition d'équipements publics », lit-on dans le rapport transmis au procureur de la République près le tribunal de Telagh. Entre autres points révélés au magistrat, l'on note l'attribution « douteuse » de projets d'éclairage public dans le périmètre urbain de Ras El-Ma, des dépenses « exagérées » consenties pour le réaménagement du bureau du maire pour un montant de 405 millions de centimes et l'acquisition « inopportune » de fournitures de bureau par le premier responsable de la commune. « C'est scandaleux d'engager plus de 400 millions de centimes pour la réfection du bureau du maire, pourtant en bon état, alors que des milliers de citoyens vivent dans des conditions sociales déplorables. Le fait que le projet, réalisé à hauteur de 50%, ait été stoppé net par la direction de l'administration locale et le chef de daïra démontre clairement qu'il s'agit d'un énorme gaspillage », s'indigne Ali Lazghem, précisant que de nombreuses affaires pourraient être révélées si la justice pousse plus loin ses investigations. Selon lui, le refus de l'administration d'approuver la décision de retrait de confiance réitérée le 11 novembre dernier ne fait qu'aggraver la situation et entrave le bon fonctionnement de l'assemblée. Il précise, à ce sujet, que le code communal est on ne peut plus clair, concernant un tel cas de figure et stipule (article 55) que : « en cas de retrait de confiance de l'assemblée populaire communale à son président, celle-ci le démet de ses fonctions par un vote de défiance public à la majorité des deux tiers de ses membres ». Mais, aux dires du maire de Ras El-Ma, M. Omar Beremdane, les accusations formulées à son encontre par les six élus sont « infondées ». « Je ne comprends pas pourquoi ces élus s'acharnent sur ma personne. Je tiens à préciser que ce sont ces mêmes élus qui ont approuvé l'attribution de nombreux projets cités dans leur rapport », déclare-t-il dans un entretien téléphonique. Pour le P /APC de Ras El-Ma, « il n'existe aucun blocage au niveau de l'assemblée, du moment que la quasi- majorité des projets de développement est en cours et que les affaires courantes des citoyens sont prises en charge convenablement ». S'agissant de l'action introduite en justice et de la motion de retrait de confiance votée par les deux tiers de l'assemblée (6 élus sur 9), notre interlocuteur a préféré s'abstenir de tout commentaire.