Le procès en appel des cinq touristes pilleurs de nationalité allemande s'ouvrira dimanche 16 janvier 2005 à la cour d'Illizi. Condamnés le 29 novembre 2004 par le tribunal de Djanet (2000 km à l'extrême sud-est d'Alger) à trois mois de prison ferme et à verser une amende de 35, 2 millions de dinars, les cinq pilleurs croupissent depuis à la prison d'Illizi. La peine a été fixée sur la base de la loi ayant trait aux trois chefs d'inculpation retenus contre eux : vol, tentative de faire sortir illégalement du territoire national des objets d'art et infraction au décret présidentiel 87-88 portant réglementation régissant le Parc national du Tassili. Ainsi, ils ont été jugés et condamnés en vertu de l'article l'article 350 du code pénal ainsi que les articles 9, 10, 17 et 25 du décret présidentiel 87-88 et les articles 21, 51, 317, 318 bis, 324 et 328 du code des douanes. Jugeant « sévère » le verdict, l'avocat de la défense, Me Adnane Bouchaïb, a fait appel le lendemain du procès, le 30 novembre 2004. Pour lui, le procès en appel devrait aboutir à un verdict plus « juste » et moins « abusif ». Pour y arriver, Me Bouchaïb compte axer sa défense sur l'« innocence » de ses mandants en plaidant les circonstances atténuantes. Pour ce faire, il compte insister, dans sa plaidoirie, sur certains vices de forme relevés, mais non pris, à ses yeux, en considération lors du premier procès. Et ce, pour un seul but : obtenir la relaxe en démontrant la non-culpabilité de ses clients. Il mettra, en outre, l'accent, dira-t-il, sur « l'absence d'intention de vol chez ces touristes », appuyant cela par le fait que ses mandants n'ont pas d'antécédents judiciaires et encore moins de connaissances sur le patrimoine que recèle le Parc national du Tassili. Selon lui, « ce sont des touristes qui aiment le désert, venus pour se détendre dans la solitude que leur offre le Tassili. Des aventuriers ». L'affaire remonte au 16 novembre 2004, jour où Hellmeler Ernst, 53 ans, Lehmann Dirk, 38 ans, Garhammer Wolfganag, 43 ans, accompagnés de deux femmes, Kellner El Fried Maria, 44 ans, et Wolf Elisabeth, 56 ans, sont entrés dans le Parc national du Tassili sans guide ni autorisation. Portés disparus, ils ont été retrouvés cinq jours plus tard dans l'erg Admer, en leur possession quelque 130 pièces archéologiques. Les cinq pseudo touristes seront ainsi arrêtés et livrés à la justice. Il faut dire qu'avant leur arrestation une panique générale s'est installée aussi bien au nord qu'au sud du pays, notamment chez les agences touristiques qui ont cru, l'espace de quelques jours, à un remake de l'affaire des 32 touristes allemands pris en otage fin 2002. Les cinq touristes pilleurs ont foulé le sol algérien, rappelle-t-on, le 11 novembre 2004, via la frontière algéro-tunisienne, à bord de deux Toyota de type 4x4, appartenant à Hellmeler Ernst. Ils sont passés par le poste frontalier Taleb Larbi. Ensuite, un guide les a accompagnés jusqu'à Djanet. Un long périple qui a duré deux jours. Une fois à Djanet, ils ont passé deux nuits à l'hôtel Zeriba avant de fausser compagnie à leur guide, Azzedine Chabrou. Celui-ci a été pris pour témoin dans cette affaire. Le jour du procès, il a été « précipité » dans des « altercations » qui ont, à coup sûr, amoindri la responsabilité ou plutôt la culpabilité des touristes pilleurs. Nombre d'observateurs ont soutenu qu'il s'agissait d'un « procès pour l'exemple ».