« Je suis une exception dans le système algérien », a précisé, à l'assistance toute ouïe, Ahmed Ouyahia en évoquant les efforts consentis par les pouvoirs publics dans le cadre de la lutte contre certains fléaux, comme la corruption et la dilapidation des deniers publics. Il a fait savoir que 2700 jugements ont été rendus dans des affaires de détournement entre 2006 et 2007, alors que 4400 autres ont été rendus dans des affaires de dilapidation de deniers publics durant la même période. Le Premier ministre – qui a reconnu que l'Etat n'est pas encore parvenu à « endiguer définitivement » ces fléaux – a toutefois souligné que l'Etat lutte à travers l'ensemble de ses institutions contre ces phénomènes. « Nous sommes sans doute loin d'avoir enrayé définitivement ces fléaux », mais il faut savoir que le succès dans cette bataille « exige des institutions de l'Etat d'assumer leur responsabilité ». Et d'ajouter : « Il exige aussi de sortir du silence et de combattre les complicités. » Très direct, l'orateur a reconnu que les affaires de l'Etat ne marchent pas comme souhaité. Il s'en est parfois pris, au cours de son discours, aux présidents d'APC qui ne font pas leur travail et qui songent beaucoup plus à organiser des « zerdate » et de faire dans le folklore. « Si certains les élus locaux – avant de s'offrir des 406 dès leur installation et d'organiser des fêtes inutiles – avaient pensé à gérer leur budget de manière rationnelle, ils auraient pu régler mille et un problèmes dont souffre leur commune. Ils auraient pu par exemple assurer le chauffage dans les écoles sans souci », a déclaré M. Ouyahia. Face à cette situation, Ahmed Ouyahia a fait comprendre que la réforme de l'administration qui a commencé en 2001 avait peu de chances de donner des résultats si les mentalités n'évoluent pas. « Pour réussir cette tâche, il faut changer pour ne pas dire "réformer" d'abord les mentalités des gens. La maladie de la corruption s'est généralisée et les intérêts personnels ont primé sur l'intérêt général », a-t-il ajouté. Le Premier ministre a précisé que près de 2600 affaires de détournement des terres agricoles ont été recensées au niveau de 34 wilayas, dont 1100 ont été jugées définitivement, 906 sont au niveau de la justice et 600 autres sont en cours d'enquête. Il a, dans ce cadre, affirmé que son gouvernement « a pris en charge le dossier des terres agricoles destinées aux agriculteurs dans le cadre de la concession et qui ont été détournées et vendues », annonçant la tenue prochaine d'une conférence nationale de l'agriculture. Abordant la problématique des banques publiques, Ahmed Ouyahia a rappelé qu'il n'y a avait de favoritisme dans l'octroi des crédits. Les banques publiques ont un caractère commercial, selon lui. « L'Etat n'a ni de directives ni d'ordre à donner aux banques. Seulement, lorsqu'on donne de l'argent aux pseudo-entrepreneurs, on doit assumer ses responsabilités », a averti le Premier ministre.