A près un trimestre de toutes les souffrances et insuffisances, les établissements scolaires sont fermés et ce, depuis cette fin de semaine, jusqu'au 3 janvier. Si sur le plan pédagogique il s'agit de vacances d'hiver, cela signifie aussi, pour la plupart des élèves habitant dans les villes et les contrées de la Mitidja, un rendez-vous avec la réalité d'une dure vie au quotidien de leurs familles démunies. La malnutrition est le triste sort des dizaines de ces enfants qui ont subi la même situation durant tout un trimestre. En effet, les 8 cantines opérationnelles n'offraient que de modestes repas au profit d'environ 500 élèves sur plus de 1500 scolarisés dans les écoles situées à travers les trois communes relevant de la wilaya déléguée de Baraki. Ces infrastructures se trouvent souvent dans les centres urbains, à savoir dans les villes de Sidi Moussa, de Baraki et des Eucalyptus. Par conséquent, les écoliers des vieux quartiers étaient privés d'au moins un repas dans la journée. Aux alentours de Zitoune et une partie de Cherarba, les enfants peinent à trouver, à midi, du pain alors que leurs enseignants prennent le risque de manger dans les fast-foods. Le constat amer est identique dans les 87 cantines scolaires ouvertes dans les établissements d'Alger Est. Selon un responsable d'un CEM, ces cantines se trouvent dans des classes transformées pour l'occasion, dont une partie ne disposent ni d'équipements de cuisine ni adéquates aux normes d'hygiène. Le besoin a été à l'origine d'une improvisation dans l'urgence. « La plupart des communes qui ont connu les affres du terrorismes étaient, en fait, dans un besoin criant et on a dû procéder à l'ouverture de classes servant pour des lieux de restauration », déclare le directeur d'un établissement primaire. On a même eu recours aux chalets dans la commune des Eucalyptus pour s'en servir comme cantines et comme classes dans plusieurs sites où les écoles ont été détruites par les terroristes. Dans la localité de Raïs, l'école Raïs 2 est privée de cantine scolaire et les centaines d'écoliers, habitant en grande partie dans les hameaux et localités rurales éloignées, ont, au cours du trimestre dernier, vécu dans des conditions des plus déplorables pour se restaurer et se déplacer. En dépit de la promesse du P/APC de Sidi Moussa d'apporter l'aide nécessaire, les parents n'ont rien vu sur le terrain. Ils réclament toujours des cantines pour leurs enfants. Le directeur de l'école Rais 1, dotée d'une cantine, se dit dépassé par la gestion de cette infrastructure et lui cause bien de tracas. S'agissant du nouveau budget d'aménagement scolaire décidé récemment par les pouvoirs publics, ce directeur suggère qu'il vaut peut-être mieux poser de nouvelles serrures aux portes et nettoyer les fourneaux à mazout, que de dire autre chose. La situation est en réalité désolante à travers les écoles rurales comme par exemple à Gassem ou encore à Ouled Allal. A présent, les écoliers en pleines vacances subissent les rigueurs de l'hiver, en plus de la sous-alimentation due à la pauvreté de la quasi-totalité des familles, qui de retour dans leurs maisons, désertées depuis 1997, dépensent tout ce qu'ils ont dans leur reconstruction. Au fond de la plaine de la Mitidja, beaucoup d'anciennes habitations ne sont pas pourvues en chauffage. Par ailleurs, le bois n'est guère disponible pour tous les ménages. « Durant ces 15 jours, les écoliers de ces régions défavorisées sont contraints de passer leur temps n'importe comment », se désole un parent d'élève. Il est à signaler que certains fournisseurs de cantines scolaires ont soulevé le non-paiement des factures de plus de 2 milliards, ce qui ne les encourage pas à continuer. Par conséquent, les cantines seront menacées de fermeture dans plusieurs écoles. Enfin, tous les opérateurs s'interrogent sur l'utilité des 12 milliards de dinars engagés par les pouvoirs publics afin de renforcer les œuvres scolaires, si l'assainissement de la gestion de ce volet n'est pas pris en charge.